Présidentielle américaine : dans l’État le plus pauvre des États-Unis, le débat entre trumpistes et démocrates toujours plus tendu

RTL a sillonné les routes des États-Unis pour aller à la rencontre de ses habitants et comprendre ce qu'ils attendent de l'élection présidentielle. Le Mississippi est l’État le plus pauvre du pays, et cela se voit dès la première station service. Le drapeau américain, déchiré, flotte timidement au vent, devant le panneau électrique qui affiche le prix de l'essence, clignotant au sommet d'un pylône.

Dans un coin de la station, trois voitures stationnent, des draps tendus à l'arrière et un coffre plein à craquer, comme celle de Rob et Tascha. Ouvriers, ils sont aujourd'hui à la rue. "Le problème, c'est les loyers à 1.200 dollars", explique Rob. "On a pas vu la catastrophe arriver et on s'est retrouvé à la rue", ajoute Tascha. "Depuis le Covid, les prix ont continué d'augmenter et on s'est fait expulser. Même avec un salaire, on ne pouvait plus rien acheter à cause des prix", continue Rob.

"On est ici en train de lutter. Qu'est-ce qu'il y a pour les pauvres ?", s'énerve Tascha. "Il n'y a plus de classe moyenne. T'es riche ou t'es pauvre, et si tu es pauvre tu n'existes plus dans ce pays", renchérit Rob. Derrière eux pointe un lotissement de maisons abandonnées. Elles étaient en cours de construction, mais l'entreprise qui en avait la charge a mis la clé sous la porte juste après le Covid.

À la pompe, les disputes politiques

En circulant entre les pompes de la station, Chris interpelle notre journaliste, au volant de son gros pick-up flambant neuf. "Il nous faut un chef qui sera gentil avec nous", dit-il en riant. Selon lui, pendant le mandat de Trump, "il y avait moins de chômage". "Vous savez comment Kamala s'est retrouvée là ?", dit-il avant de mimer une fellation en rigolant. 

Ce qui fait enrager Louis, qui est à la pompe juste à côté, en train de se servir. Les deux hommes se parlent par vitre interposée. "Je vais voter pour elle, c'est la meilleure", envoie Louis, à Chris qui rétorque : "C'est un pantin !". "Tu dis ça parce qu'elle est noire. Tu es un raciste", continue Louis. Les deux hommes finissent par se quitter en se faisant des doigts d'honneur.

La dispute n'a pas surpris la caissière de la station. "Ce pays est divisé, va très mal et c'est de pire en pire. J'imagine que dans le chaos, les gens deviennent totalement égoïstes et se disent qu'ils doivent tout faire pour faire passer leur intérêt personnel, leur candidat". Cette dame a 66 ans : la pauvreté pousse les Américains à travailler jusqu'à la limite de leurs moyens physiques.

Un homme, au volant de son gros camion rouge, parechoc chromé qui scintille au soleil. Mark a le crâne dégarni, ses lunettes a double foyer posées sur le nez. "J'ai 74 ans. Je travaille deux semaines non-stop, repos deux jours, et je recommence. Et ce, depuis plus de 40 ans. Cela m'a coûté mon mariage, car je n'étais que 25 jours par an à la maison", soupire-t-il. "L'économie va mal, le fret aussi. Je ne paie pas l'essence mais ma boîte si. Et ils nous fliquent, avec un système pour voir si on laisse tourner le moteur sans rouler". "J'arrêterais de travailler quand je ne pourrais plus. Là je respire".