Présidentielle américaine : ce qu'il faut retenir du débat entre Joe Biden et Donald Trump

Cela fait des mois que Joe Biden et Donald Trump, candidats à la prochaine élection présidentielle des États-Unis de novembre, s'invectivent à distance. Ce jeudi 27 juin, ils se sont affrontés pour la première fois. Une fois n'est pas coutume, le premier débat entre les deux candidats est organisé avant l'été, à la demande du démocrate. C'est également la première fois que deux candidats s'affrontent sans avoir été officiellement investis par leur parti. 

Si ce débat est annoncé comme le plus important de la campagne, il ne devrait, sauf surprise, pas faire beaucoup bouger les lignes, dans un pays où la polarisation politique est extrême. Mais l'enjeu n'en est pas moins énorme : si l'un des deux candidats arrive à séduire quelques électeurs indépendants, cela pourrait suffire à lui donner l'avantage en novembre, tant le scrutin s'annonce serré.

L'inflation pour ouvrir les hostilités

Dans un débat réglé comme du papier à musique, les deux hommes politiques se sont d'abord affrontés sur "le coût de la vie". Nourriture, logements, voitures, essence, ... Les prix ont flambé depuis 2001, poussés par la reprise après l'épidémie de Covid, mais aussi par la guerre en Ukraine, ainsi que par les généreux plans de relance de l'État fédéral américain pendant la pandémie. L'inflation avait atteint 9,1 % aux États-Unis en juin 2022, son plus haut niveau depuis le début des années 1980. Elle a ralenti depuis, et s'est établie à 3,3 % en mai, selon l'indice CPI, sur lequel sont indexées les retraites.

"L'inflation tue notre pays", a d'emblée affirmé Donald Trump. Joe Biden "n'a pas fait du bon travail. Il a fait du mauvais travail. Et l'inflation tue notre pays. Elle est en train de nous tuer", a affirmé le milliardaire, affirmant que sous son mandat, l'Amérique était "la plus grande économie du monde".

Le démocrate de 81 ans a répliqué qu'au contraire la conjoncture "était en chute libre" quand il a pris les rênes du pays, et a vanté son bilan, en termes d'emploi et de réformes sociales. Face à un Donald Trump se gardant d'être ouvertement agressif, Joe Biden, dont le grand défi est de rassurer les Américains sur son acuité mentale et sa vitalité, a d'abord semblé hésitant, butant plusieurs fois sur les mots.

L'avortement, au cœur des discussions

Le président sortant a ensuite reproché à son adversaire son action "terrible" contre le droit à l'avortement. "C'est une chose terrible ce que vous avez fait", a lancé le dirigeant démocrate à son adversaire républicain.

La Cour suprême américaine, profondément remaniée par l'ancien président, a renversé en juin 2022 la célèbre jurisprudence Roe v. Wade qui garantissait le droit fédéral des Américaines à avorter, rendant à chaque État sa liberté de légiférer sur la question. Une vingtaine d'États américains ont depuis adopté des interdictions ou restrictions à l'avortement. 

Joe Biden a soutenu que Donald Trump serait prêt à promulguer une loi, si elle était votée par un futur Congrès républicain, pour interdire l'avortement au niveau national ou le restreindre à "six, sept, huit ou dix semaines" de grossesse, "quelque chose de très conservateur".

Donald Trump a, lui, défendu que cette question revienne désormais aux États : "C'est le vote du peuple", a-t-il dit.  "Je crois aux exceptions en cas de viol, d'inceste", et de danger pour "la vie de la mère", a-t-il ajouté. "Je crois que c'est très important. Pour certains non, suivez votre cœur." 

Interrogé sur la question de la pilule abortive, l'ancien président a également affirmé qu'il ne la "bloquerait pas". 

"Test cognitif" et "repris de justice"

Les deux candidats ont chacun attaqué leur adversaire sur ce qui apparaît comme leur plus grande faiblesse. Joe Biden, qui s'est parfois montré fatigué, voire perdu, a été mis au défi par Donald Trump de passe un "test cognitif". "J'ai passé deux tests, des tests cognitifs. Je les ai passés haut la main [...] Il [Biden] n'en a passé aucun. J'aimerais le voir en passer un, juste un, un très facile", a lancé l'ex-président républicain.

De son côté, le président sortant a qualifié le milliardaire de "repris de justice", en référence à sa récente condamnation pénale à New York. "La seule personne qui soit un repris de justice, c'est l'homme que je suis en train de regarder sur scène maintenant", a lancé le dirigeant démocrate à son prédécesseur, ajoutant qu'il avait le "sens moral d'un dépravé". 

Alors qu'en 2020, Donald Trump avait refusé de reconnaître la victoire de Joe Biden, encourageant l'assaut du Capitole, en janvier 2021, il a indiqué qu'il refusait de s'engager à reconnaître le résultat du scrutin de novembre prochain sans conditions. Cette question ne fait pas débat, pour le démocrate : "Si les élections sont justes et équitables, absolument", a-t-il répondu.

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