Ce troisième débat de 90 minutes aura lieu à l'université du Nevada à Las Vegas à 01 heure GMT jeudi 20 octobre. Au programme, dette, immigration, économie, Cour suprême, les points chauds dans le monde, et la capacité de deux candidats à être président. Mais encore une fois, on ne devrait pas parler beaucoup du fond. Donald Trump est toujours empêtré dans des accusations d’agressions sexuelles, avec de nouveaux témoignages. Alors pour essayer de s'en sortir, il répète depuis trois jours à ses électeurs que l’élection est truquée, que le vote risque d’être manipulé.
C'est totalement irresponsable, même ses proches tentent en vain de minimiser ses propos, mais il en rajoute. Ces dernières heures, il dénonce publiquement à l’avance de la fraude à Chicago, Saint-Louis, Philadelphie. Sous-entendu, des villes où il y a une forte proportion d’électeurs noirs. C’est totalement faux. "Aucun élément ne permet de dire cela", a répondu Barack Obama. Le Président s’est moqué de Donald Trump - il sait que le milliardaire déteste ça - en lui disant que ce n’est pas très glorieux de "pleurnicher" ainsi alors que le match n’est pas encore terminé.
Sa rivale démocrate Hillary Clinton a de son côté ses propres soucis. Un document du FBI laisse penser qu’un de ses collaborateurs a essayé de faire pression sur des enquêteurs dans une affaire qui la poursuit depuis plus d’un an, ce qu’elle dément. Surtout, l’organisation Wikileaks publie jour après jour une série d’e-mails qui ont été piratés dans la boite du directeur de campagne de Clinton. Piratés probablement par les Russes qui tentent de déstabiliser l’élection pour faire élire Trump.
Dans ces e-mails, la confirmation d’un certain nombre de choses embarrassantes sur la candidate, comme son goût pour le secret, ses convictions à géométrie variable en fonction de ses interlocuteurs, ses liens avec les grandes banques de Wall Street, etc. Mais on découvre aussi des documents internes plus inattendus, comme la première liste des noms envisagés pour la vice-présidence. On y trouve l’ancien maire républicain de New York, le milliardaire Michael Bloomberg, mais aussi Bill Gates, ou bien le patron d’Apple Tim Cook. Finalement elle n’a choisi aucun de ces patrons richissimes comme colistier mais un élu catholique de Virginie, Tim Kaine, beaucoup plus classique.
À moins de trois semaines du scrutin, quel est l’enjeu de ce dernier débat ? Selon les statisticiens qui calculent les probabilités de victoires en décortiquant les sondages État par État, Clinton a entre 87 et 92% de chances d’être élue. Donc la marge de manœuvre de Donald Trump est très étroite. S’il veut changer la dynamique, il faut qu’il renverse la table, qu’il fasse un gros coup. La dernière fois, il avait invité des accusatrices de Bill Clinton. Cela n’avait pas suffit à changer le jeu.
Alors que peut-il faire cette fois-ci ? Et bien il a invité pour le débat de la nuit prochaine le demi-frère de Barack Obama ! Ils ont le même père kényan, mais il a aussi la nationalité américaine. Et Malik Obama appelle à voter Trump. Il reproche à son petit frère d’avoir renversé Kadhafi, le président libyen qu’il admirait. Vous le voyez : on peut toujours compter sur Donald Trump pour assurer le spectacle. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises.
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