Hillary Clinton devient l’héritière des Obama dans un dernier discours "best of"

Un dernier tour de piste. Une ultime récitation des meilleurs slogans de campagne. Une passation de témoin entre le couple Obama et le couple Clinton. Ce lundi 7 novembre 2016 à Philadelphie, Hillary Clinton a reçu la couronne invisible d’un Barack Obama toujours impérial auprès du public jeune, divers et résolument démocrate venu l’écouter à moins de 24 heures du vote. 

Dans un dernière effort pour injecter l’esprit présidentiel, la popularité qu’il détient toujours malgré deux mandats et cette once de cool toujours inconnue à Hillary Clinton, Barack Obama a donné l’un de ses derniers grands discours en tant que président des Etats-Unis.

Tout avait commencé comme les autres meetings de la candidate démocrate, ceux qu’elle enchaîne dans les états qui comptent depuis des jours pour sécuriser son avance. Le personnel politique local vient dire du bien de la candidate et taper avec un peu plus de virulence sur le personnage Trump.

Shake It Off de Taylor Swift ou Roar de Katy Perry passent en boucle pour vivifier l’esprit des militants. Bon Jovi et Bruce Springsteen viennent ajouter des chansons au sous-texte politique et philosophique et expliquer que le choix qui se présente aux Américains est évident : "voter Hillary". Et puis c’est un petit miracle qui se passe sur scène. Une combinaison d’invités VIP. Les étoiles démocrates s’alignent. Chelsea et Bill Clinton arrivent. Puis Michelle Obama et enfin Barack Obama. 

Le président "est mort", vive la présidente

Les discours sont entendus. Les formules efficaces et répétées depuis des semaines. Un vrai "best of" des anecdotes les plus populaires auprès des foules. Chelsea Clinton vend son excitation de pouvoir "enfin voter pour sa mère" par exemple. On souligne l'aspect historique de cette élection et les pires déclarations de Donald Trump sur les femmes ou les handicapés. Mais c’est Michelle Obama qui marque le coup. En lançant "Je suis sans doute en train de vous parler ici une dernière fois en tant que First Lady" ou encore "Je vous présente pour la dernière fois votre président, l’amour de ma vie, un homme dont je suis extrêmement fière, mon mari Barack Obama", Michelle Obama signe la fin de l’ère Obama et confie l’héritage politique de son époux à "son amie" Hillary Clinton. 

Tout au long de leurs discours les liens se sont tissés. Hillary ne se singularise pas et promet de continuer l’œuvre d’Obama tout en demandant (et espérant) un vote lui offrant plus de latitude au Sénat que son prédécesseur. Barack Obama, lui, vante son bilan. Tout y passe : redressement économique après la crise, créations d’emplois, sécurité sociale ou encore ouverture du mariage aux couples de même sexe (une décision de la Cours suprême mais qui lui rapporte le plus d’applaudissements devant la foule de Philadelphie). 

Il s’est attardé longuement aussi sur les qualités professionnelles et intellectuelles de Hillary Clinton qui a fait « briller les Etats-Unis dans le monde entier". Donald Trump a été balayé d’un commentaire : "Son équipe lui a même retiré les accès à son compte Twitter, comment voulez-vous qu’il se débrouille avec des codes nucléaires ? ". Hilarité dans la foule même si la blague n’est pas neuve, les journalistes de la presse mondiale se regardent d’un air entendu. 

La magie des slogans

Barack Obama a néanmoins mis en garde sérieusement les Américains contre l’abstention ou la colère inutile. "Don’t boo, vote" (Ne le huez pas, votez), a-t-il répété. Une phrase tellement efficace qu’elle est devenue le vrai slogan de cette fin de campagne Clinton. Son "Stronger together" (Plus fort ensemble) avait encore du mal à faire vibrer les foules. Pour ce qui est de la communication efficace et du marketing, Clinton est loin d’avoir dépassé son maître, inventeur du "Yes we can". 

Dans les rangs des militants, on criait enfin "Hillary ! Hillary !", on avait hâte de "vivre un moment historique et de pouvoir bientôt dire ‘Madam President’". L'équipe de campagne parlait de 40.000 personnes présentes ce soir là. Mais le public de Philadelphie n’est pas celui que Hillary Clinton doit séduire. Il était convaincu. Très bruyant lorsque Hillary Clinton reprenait les axes de campagne des Obama ou d'un Bernie Sanders dont la défaite est encore une pilule amère pour de nombreux jeunes. 

Le défi de la campagne Clinton c'est de convaincre ceux qui pensent que les choses sont déjà gagnées pour elle, ceux qu'elle n'arrive pas à faire vibrer, les jeunes et les minorités tentés par l'abstention. Les Obama et les stars étaient là pour ça, pour auréoler de cool et de charisme Hillary Clinton à quelques heures de la fin de l'élection.