Fin août 2019, la Clinton Digital Library a déclassifié des transcriptions d'appels téléphoniques et des conversations privées entre le président américain Bill Clinton et Vladimir Poutine. Datés du début des années 2000 et longtemps classés "secrets", ces documents, auxquels le site indépendant russe Meduza consacre une série d'articles, permettent aujourd'hui de mieux comprendre celui qui était alors un tout jeune dirigeant russe.
Notamment certains échanges au sujet de Slobodan Milosevic. En cette année 2000, et alors que la guerre au Kosovo (1998-1999) vient de faire plus de 13.000 morts, constituant un nouvel épisode sanglant de la désintégration de la Yougoslavie, les Américains chasseraient volontiers du pouvoir le dirigeant Serbe, accusé de génocide. De son côté, Slobodan Milosevic, qui vient de modifier la constitution du pays, cherche à tout prix à se maintenir au pouvoir, et à échapper à la justice internationale, à travers des élections prévues à l'automne.
Le 6 septembre 2000, à New York, Bill Clinton analyse ainsi la situation lors d'une rencontre avec le nouvel occupant du Kremlin : "Milosevic est en retard dans les sondages, il va donc probablement voler (l'élection). Il serait préférable qu'il perde, mais il s'arrangera probablement pour ne pas le faire". Le 24 septembre pourtant, Milosevic est battu par l'opposition menée par Kostunica, mais n'admet pas pour autant sa défaite.
Quelques jours plus tard, Poutine propose alors à l'Américain une solution, tout en doutant que Milosevic s'y plie : "L'opposition (...) a rejeté le deuxième tour des élections. À notre avis, c'est une erreur. S'ils n'organisent pas un deuxième tour des élections, alors le camp Milosevic sera le seul camp incontesté". "Maintenant", poursuit le président russe, "si l'opposition accepte de participer, ils ont toutes les chances de gagner. Pourquoi? Parce que le Monténégro n'a pas encore voté". "Ils voteront pour lui. Il a 100% de chances de gagner", estime-t-il encore.
Le dirigeant russe pose alors les bases de ce qui doit conduire, selon lui, à la défaite électorale de l'autocrate serbe : "Le chef de l'opposition va visiter Moscou. Et il dira qu'il reconsidère sa position en ce qui concerne le deuxième tour de élections, à condition que Milosevic donne accès à l'opposition et/ou observateurs internationaux à la fois aux bureaux de vote et au dépouillement du vote".
Mais le plan russe n'aura pas le temps d'être mis en pratique. Devant la colère populaire des Serbes, et la "révolution des bulldozers", que les résultats frauduleux du vote ont poussé dans les rues de Belgrade, Slobodan Milosevic finira par quitter le pouvoir le 7 octobre. Kostunica sera le dernier président de Yougoslavie. L'ancienne république communiste disparaîtra en 2003.
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