"Négligence totale", "erreurs irresponsables" : la Corée du Nord déplore un "grave accident" lors du lancement d'un navire de guerre

Un "grave accident" s'est produit lors d'une cérémonie de lancement d'un navire de guerre nord-coréen, a rapporté jeudi 22 mai l'agence de presse nord-coréenne KCNA, le dirigeant et dictateur Kim Jong-un évoquant un "acte criminel".

Cela s'est produit lors de l'événement organisé mercredi pour présenter un nouveau destroyer de 5.000 tonnes à Chongjin, une ville portuaire du nord-est du pays.

En parallèle, l'armée sud-coréenne a annoncé que Pyongyang avait tiré jeudi "plusieurs missiles de croisière non identifiés". Ces missiles ont été "tirés en direction de la mer de l'Est", a indiqué l'état-major interarmées, en employant le nom coréen de la mer du Japon.

Pointant du doigt "l'inexpérience du commandement et la négligence opérationnelle" lors du lancement du destroyer mercredi, l'agence d'État KCNA a précisé que "certaines sections du fond du navire de guerre avaient été broyées", mettant à mal "l'équilibre du navire de guerre".

Kim Jong-un dénonce un "acte criminel"

Kim Jong-un a assisté à l'ensemble de la séquence et dénoncé un "acte criminel causé par une négligence totale" qui "ne pouvait être tolérée", selon KCNA.

Le numéro un nord-coréen a déclaré que les "erreurs irresponsables" des fonctionnaires coupables seraient "traitées lors de la réunion plénière du Comité central du Parti qui se tiendra le mois prochain".

Le nom du navire de guerre n'a pas été précisé. De par sa taille, l'armée sud-coréenne estime qu'il pourrait bénéficier des mêmes équipements que le Choe Hyon, un navire de classe destroyer de 5.000 tonnes dévoilé par Pyongyang le mois dernier.

À l'époque, Pyongyang avait affirmé que le Choe Hyon était équipé des "armes les plus puissantes" et qu'il "entrerait en service au début de l'année prochaine".

Développé grâce à l'aide de la Russie ?

Selon certains experts, le Choe Hyon est susceptible d'être équipé de missiles nucléaires tactiques à courte portée, bien que la Corée du Nord n'ait pas prouvé qu'elle était capable de miniaturiser ses armes nucléaires.

L'armée sud-coréenne estime que le Choe Hyon pourrait avoir été développé avec l'aide de la Russie, probablement en échanges des milliers de troupes nord-coréennes envoyées en Russie pour aider Moscou contre Kiev.

Selon Ahn Chan-il, un réfugié nord-coréen qui dirige un institut d'études sur la Corée du Nord, le navire de guerre gravement endommagé mercredi pourrait aussi avoir été construit avec l'aide de la Russie. "Il est également probable que le calendrier prévu pour le navire - y compris la date d'achèvement de l'assemblage et de lancement du navire - ait été communiqué à la partie russe", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Il semble que le quai ait été construit à la hâte et que de nombreux problèmes soient apparus au cours du processus de construction du navire", poursuit-il.

Une coopération militaire renforcée avec Moscou

La Corée du Nord a confirmé pour la première fois en avril qu'elle avait déployé des troupes en Russie pour contribuer à l'effort de guerre de Moscou en Ukraine. Pyongyang et Moscou ont récemment annoncé qu'ils ont commencé à construire la première route reliant les deux voisins.

La Corée du Nord a par ailleurs lancé une multitude de missiles balistiques l'année dernière, en violation des sanctions imposées par les Nations unies. Les experts ont pendant longtemps averti que la Corée du Nord pourrait être en train de tester des armes pour les exporter en Russie qui les utiliseraient contre l'Ukraine.

En mars, Kim Jong-un a inspecté un projet de construction d'un sous-marin à propulsion nucléaire, affirmant que le renforcement "radical" de la marine était un élément clé de la stratégie défensive de Pyongyang. Il avait appelé à la modernisation des forces navales de surface et sous-marines du pays, y compris le développement de navires de guerre.

Pyongyang a revendiqué par le passé être en train de développer des drones d'attaque nucléaire sous-marin, qui pourraient déclencher un "tsunami radioactif", mais les experts ont des doutes sur le fait que le pays possède vraiment ce type d'arme.

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