Moscou accuse la France de préparer l’envoi de troupes en Ukraine, Paris dément et évoque une "attaque informationnelle"

La France sur le point d'envoyer des soldats combattre en Ukraine ? C'est une information diffusée par les médias russes qui a déclenché une réponse ferme de Paris le 29 octobre 2025. Le sujet d'une éventuelle participation d'une force européenne incluant la France revient régulièrement au centre des discussions depuis l'invasion de la Russie, en février 2022. Début 2024, Emmanuel Macron estimait que l'envoi de troupes européennes en Ukraine n'était pas "exclu". 

L'Élysée avait ensuite rectifié le tir, assurant que le président de la République voulait surtout envoyer un message à Vladimir Poutine afin de lui signifier que "dans l'absolu, il n'excluait rien". La presse russe, s'appuyant sur des informations du service de renseignement extérieur russe, a affirmé fin octobre qu'une telle opération serait toujours dans les tuyaux.
Une "information est entièrement fausse", indique dans un communiqué le ministère des Armées français. "Primo-diffusée par le SVR, cette information a été relayée par l’agence de presse russe TASS. L’information a ensuite circulé sur Telegram, puis a rapidement été relayée par les sphères pro-russes et conspirationnistes francophones et anglophones sur X et Facebook. Plusieurs comptes de médias numériques russes ont également relayé l’information (Russia Today, Sputnik Afrique, CGTN Europe, APA)", souligne le ministère. 

Un transfert en Ukraine imminent, selon Moscou

Selon Lenta, relayé par Courrier International, la "France se préparait à déployer en Ukraine un contingent pouvant atteindre deux mille soldats et officiers". "À l’heure actuelle, selon le renseignement, des unités françaises se trouveraient déjà dans les régions de Pologne limitrophes de l’Ukraine. Elles y suivraient l’entraînement nécessaire et recevraient armes et matériel", écrit également le média russe. Un point de vue relayé par l'agence russe Tass, qui estime que "le président français cherche une dernière occasion d'entrer dans l'histoire comme un Napoléon moderne, malgré sa popularité en baisse dans son pays". Il cherche "désormais à entrer dans l’histoire par la guerre".

Le ministère des Armées a souhaité la réalité factuelle de l'implication française dans le conflit qui oppose l'Ukraine et la Russie. "Les armées françaises apportent un soutien aux forces armées ukrainiennes dans deux domaines clés : le renforcement capacitaire à travers la vente et la cession de matériel militaire, et les activités de formation militaire en Pologne et en France."

Les mouvements décrits par les Russes ne traduiraient absolument pas un déploiement de 2.000 soldats en Ukraine mais les conséquences de l’exercice de l’OTAN "Brigade Expansion", annoncé lors du sommet de Madrid en 2022. "Dans ce cadre, la France a acheminé du matériel et des troupes à travers l’Europe afin de transformer temporairement le bataillon multinational de Roumanie en brigade. Cette brigade participe actuellement à l’exercice 'Dacian Fall'".

La France, cible privilégiée de la la propagande russe

La France, du fait de son implication dans le conflit en Ukraine, est devenue une des cibles privilégiées de la propagande russe, qui s'emploie à détourner des propos ou des informations pour servir sa communication.

Sur RTL, le général Pierre Schill avait appelé la France à se préparer face aux "menaces (qui) s'accroissent, deviennent plus urgentes, plus radicales". "La menace russe en Europe", c'est "la plus grande", avait souligné le général, qui publie Le sens du commandement, aux éditions du Cerf. Mais "la menace, c'est la menace de conflit d'une manière générale", avait-il insisté, assurant que "dès ce soir, l'armée de terre française est prête à monter au rempart de notre pays et de notre continent".
Ces prises de paroles de hauts gradés français "ont pour objectif d’expliquer aux Français les enjeux immédiats de sécurité et à rappeler que la défense nationale repose, entre autres, sur l’anticipation et la vigilance, et non sur la peur, précise le ministère. Se préparer à d’éventuelles attaques permet avant tout d’assurer la protection du pays et de contribuer à la sécurité collective européenne."

Et le ministère des Armées de conclure : "Les fausses informations diffusées dans la sphère informationnelle cherchent à présenter cette préparation des armées comme une démarche provocatrice ou à faire craindre une escalade du conflit. Ce type de discours participe aux stratégies d’influence russes qui cherchent à inverser les rôles entre agresseur et défenseur."

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