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Une mère ajustant le masque de sa fille à Pyongyang, en Corée du Nord, le 6 février 2020
Crédit : Kim Won-Jin / AFP
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Par-delà sa frontière sud, chez le frère ennemi, le nombre de contaminations au coronavirus frôle désormais les 1.600 cas. La Corée du Sud, qui dénombrait 13 morts jeudi 27 février, est le pays le plus durement touché après la Chine, avec qui la Corée du Nord partage justement sa seconde frontière. Prise en étau entre les deux plus importants foyers mondiaux, Pyongyang ne déplore pourtant aucun cas. Du moins officiellement.
Des mesures "exceptionnelles" ont toutefois été prises par le régime pour faire face à l'épidémie. La plus récente a été de reporter la "rentrée scolaire". "Les vacances scolaires pour les étudiants ont été prolongées dans le cadre des mesures préventives", a annoncé la télévision nord-coréenne, selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap.
Cette décision s'ajoute à une batterie de précautions drastiques, d'opérations de porte-à-porte pour vérifier l'état de santé des habitants, ou de tournées réalisées par des camionnettes rappelant par haut-parleurs les consignes d'hygiène.
Les autorités nord-coréennes ont aussi été parmi les premières à fermer leurs frontières, suspendant les liaisons aériennes et ferroviaires, et interdisant les visites de touristes. Toute arrivée en Corée du Nord implique ainsi une période d'isolement de 30 jours.
"Un isolement accru n'est pas la solution", affirme pourtant Tomas Ojea Quintana, rapporteur spécial de l'ONU, en rappelant que plus de 43% de la population souffre de malnutrition. Beaucoup n'ont pas accès à l'eau potable ou à des sanitaires, ajoute-t-il. "Combiné avec un accès limité à l'information, cela les rend encore plus vulnérables au Covid-19".
Bien que la Corée du Nord assure que son système de santé publique est l'un des plus performant au monde, les experts internationaux estiment eux qu'il est "épouvantable", affirme la BBC, qui rappelle que certains hôpitaux n'ont ni l'électricité et l'eau courante.
Officiellement, le régime fournit des soins de santé universels et gratuits à sa population, mais dans les faits le système favoriserait plutôt les élites.
Dirigé d'une main de fer depuis sept décennies par la dynastie des Kim, le régime entretient déjà, en temps normal, un contrôle très étroit de sa population. Une question revient cependant : le pays, dont les infrastructures de santé sont notoirement défaillantes, peut-il faire face seul à une épidémie d'une telle ampleur ?
"Le manque de préparation de la Corée du Nord à faire face à une pandémie pourrait saper le régime et créer une instabilité interne", estime ainsi l'analyste Kevin Shepard, dans un article sur NK News. En 2019, la Corée du Nord était classée parmi les pires pays au monde en termes de préparation à un tel scénario, selon le Global Health Security Index publié par la Johns Hopkins University, basée aux États-Unis.
La dépendance du régime à la Chine, dont les échanges représentent 90% du commerce extérieurs, pourrait également durement affecté son économie, selon le site ForeignPolicy.
Par ailleurs, le pays envisageait de profiter de la manne financière que représente le tourisme étranger, qui n'est pas soumis à des sanctions internationales. Mais l'annulation du marathon de Pyongyang semble avoir porté un coup à cette ambition.
Dans ce contexte, le travail diplomatique est lui aussi presque à l'arrêt, assure l'ambassadeur de Russie dans le pays Alexandre Matsegora. Plus aucune réunion, rencontre ou négociation avec les dirigeants nord-coréens où les autres ambassades. Les contacts avec les autorités locales se bornent désormais à des appels téléphoniques ou des notes officielles déposées dans une boîte aux lettres dédiée.
Une chose semble en tout cas acquise. Face à cette "menace" d'épidémie, l'ensemble du pays s'est mis "sur pause", à commencer par le leader nord-coréen lui-même. Kim Jong-un aurait en effet réduit ses apparitions publiques, et annulé tous les défilés militaires.
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