Le Concordia, échoué depuis plus de deux ans et demi devant le Giglio après son naufrage qui avait fait 32 morts, largue enfin ce mercredi les amarres, sous les yeux de quelques survivants du drame et au soulagement des habitants de l'île toscane.
Ce mardi, le paquebot de croisières, dont proue et ponts sont désormais entièrement visibles, arborait le pavillon bleu "P" qui, en langage maritime, indique qu'un navire est prêt à partir.
"L'opération de renflouement est terminée, le paquebot partira demain, il est prêt", a confirmé lors d'une conférence de presse l'ingénieur de chez Costa, propriétaire du bâtiment, Franco Porcellacchia. A 08h30 (06h30 GMT), les premières manoeuvres débuteront", a précisé le Sud-Africain Nick Sloane, le "senior salvage master" en charge de toute l'opération depuis ses débuts.
Le paquebot, grand comme deux fois le Titanic, entamera alors son ultime voyage vers les chantiers navals de Gênes (nord-ouest), où il sera démantelé. "Nous espérons qu'avec le départ de ce bateau, toutes les choses que nous avons en nous partiront également", a confié à l'AFP Anne Decré, du collectif français des survivants du Concordia.
Avant d'ajouter : "que ce bateau poursuive sa route, afin que nous puissions continuer la nôtre", en serrant les mains de son amie Nicole Servel, qui a perdu son mari la nuit du naufrage. A proximité du navire, des gerbes de fleurs en souvenir des disparus ont été jetées mardi à la mer.
Aux avant-postes la nuit du naufrage, le maire de l'île Sergio Ortelli n'avait pas caché son "irritation" à l'annonce, ce lundi, des retards pris par le renflouement : "jusqu'au bout, le Concordia nous fera souffrir". Nombre des habitants de l'île, interrogés par l'AFP, n'aspirent plus qu'à une chose, le départ du paquebot et le retour des touristes sur leur île, située au coeur du parc naturel de l'archipel toscan.
Remorqué par deux bateaux, escorté par 12 autres embarcations, le Concordia, long de près de 300 mètres et pesant quelque 114.500 tonnes, va effectuer un trajet en mer de près de 280 km. Il passera à 25 km de la Corse, près de l'île d'Elbe, et à 10 km de l'île italienne de Capraia, avant son arrivée prévue à Gênes samedi soir ou dimanche matin.
La ministre française de l'Ecologie Ségolène Royal a promis de surveiller le passage du navire à bord d'un navire au large de la Corse, provoquant l'agacement des autorités italiennes, qui jugent avoir fait tout ce qu'il fallait pour éviter un nouveau drame.
Au cours du trajet, les différentes embarcations faisant partie du convoi seront chargées de collecter d'éventuels débris flottants - valises, meubles, vêtements -, de contrôler la qualité des eaux et de prévenir les cétacés, nombreux en cette période de l'année, de l'approche du Concordia. Barrages anti-pétrole et appareils à infra-rouge détectant toute trace d'hydrocarbure à la surface de l'eau la nuit seront également embarqués à bord.