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3 min de lecture
Un kangourou, un koala et un wallaby, espèces qui souffrent de la sécheresse en Australie.
Crédit : Floris Jan-Roelof Huiskamp / Vita Vilcina / David Clode / Unsplash
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Bébés kangourous abandonnés par leur mère, wallabies rendus
aveugles par le soleil, koalas contraints à des marathons pour se nourrir...
Les animaux sauvages ne sont pas épargnés par la sécheresse qui assèche l’Australie.
Le manque d'eau, qui perdure depuis plusieurs années dans certaines régions,
grille les récoltes et contraint certains éleveurs à abattre leur bétail faut
de pouvoir l'alimenter.
La sécheresse aggrave aussi les conditions de vie des
espèces endémiques pourtant plus résistantes que le cheptel. "Un grand nombre
de kangourous meurent dans tout le pays", explique Richard Kingsford,
professeur d'écologie à l'Université de Nouvelle-Galles du Sud, soulignant que
les changements sont si rapides que de nombreux "animaux et plantes n'ont
pas le temps de s'adapter".
Les autorités ont augmenté leurs aides aux agriculteurs
plongés dans de graves difficultés financières. Mais pour les scientifiques, il
faut soutenir parallèlement la faune et la flore sauvages, lesquelles sont
aussi confrontées à l'activité humaine, à la concurrence d'espèces invasives et
à la réduction de leur habitat.
Racheal Walker, qui travaille pour Wires, association de
volontaires spécialisée dans le sauvetage d'animaux sauvages, a constaté une
nette augmentation du nombre de bébés kangourous secourus dans le centre-ouest
de l'État oriental de Nouvelle-Galles du Sud. Les bébés malnutris sont
abandonnés par leur mère qui ne peut plus les alimenter, d'autres sont des
orphelins dont les parents ont été fauchés par des voitures en s'approchant des
villes pour trouver eau et nourriture.
Elle a également remarqué que les marsupiaux plus petits,
qui d'ordinaire préfèrent les zones boisées, vont bien plus loin pour manger. "On
trouve beaucoup plus de wallabies aveugles car ils s'aventurent à découvert
dans les champs pour chercher leur nourriture, et leurs yeux sont incapables de
faire face au grand soleil", témoigne-t-elle. Les koalas parcourent de
plus grandes distances à mesure que les eucalyptus dont ils se nourrissent se
dessèchent, ce qui les expose aux attaques de chiens et aux accidents de
voiture.
Les échidnés à nez court, petits mammifères qui ressemblent
à des hérissons et se nourrissent des insectes attrapés avec leur langue
collante, se font aplatir sur les routes pendant la saison des amours. Depuis
2016, Wires a relevé une augmentation de 52% du nombre de macropodes secourus
(marsupiaux de la famille des kangourous), un chiffre qui bondit à 81%
s'agissant des wombats. Ces taux pourraient être bien plus élevés dans l'arrière-pays
inhabité, ajoute Racheal Walker.
Dans le nord-ouest de la Nouvelle-Galles du Sud, les
populations de kangourous se sont effondrées de plus de 90%, explique le
professeur Kingsford. La sécheresse exacerbe les conflits d'intérêts entre
animaux sauvages et agriculteurs qui tentent désespérément de préserver chaque
brin d'herbe pour leurs troupeaux.
À Booligal, où la pluviométrie est inférieure cette année de
75% à la moyenne, les agriculteurs Matt et Sandra Ireson ont constaté une
augmentation du nombre de kangourous et d'émeus aux abords des routes. Ils
cherchent les "touffes de verdure" qui apparaissent à la faveur des
rares averses, quand l'eau recueillie par le tarmac ruisselle sur les bordures
des routes.
En conséquence, le nombre de collisions entre les véhicules
et les bêtes sauvages a bondi de 20% ces trois dernières années, selon le
secteur des assurances. Si bien que Sandra Ireson a commencé à donner aux
jeunes agriculteurs des cours de conduite "spécial sécheresse". Les
plus grandes espèces de kangourous peuvent faire deux mètres de haut et peser
90 kilogrammes. Les collisions causent de sérieux dégâts aux voitures et aux
conducteurs.
Les scientifiques préviennent que les sécheresses et vagues
de chaleur vont s'aggraver avec le changement climatique. Les Australiens
devront s'habituer au manque d'eau mais aussi à voir la faune de près. Pour
Alison McLean, une agricultrice qui dirige "The Long Paddock", un
projet touristique destiné à inciter les gens à visiter la région, la
cohabitation entre animaux sauvages et êtres humains ne doit pas forcément mal
se passer.
"Ils se rapprochent, ce qui donne l'occasion aux gens
de les voir, tant qu'ils sont prudents au volant", explique-t-elle. Il ne
semble pas prêt de pleuvoir et le professeur Kingsford espère que les autorités
prendront des mesures pour protéger les espèces vulnérables, comme par exemple
empêcher le bétail d'aller dans les parcs nationaux afin que les animaux
sauvages puissent y trouver leur nourriture.
"Il y a un débat sur les difficiles conditions de
vie des agriculteurs, ce qui est normal, mais les gens doivent aussi prendre
conscience que l'environnement naturel souffre aussi en période de
sécheresse", termine-t-il.
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