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Inde : "héritière" de la dynastie qui a bâti le Taj Mahal, elle réclame un palais

Depuis un bidonville de Calcutta, une Indienne se bat pour obtenir la propriété d'un palais impérial, affirmant être une héritière de la dynastie moghole.

Illustration du Taj Mahal
Crédit : Money SHARMA / AFP
Thomas Pierre
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"Pouvez-vous imaginer que les descendants des Empereurs qui ont construit le Taj Mahal vivent aujourd'hui dans une immense pauvreté ?". Sultana Begum habite un minuscule appartement d'un bidonville de Calcutta. À 68 ans, cette Indienne, qui connaît aujourd'hui le plus grand dénuement, se prévaut pourtant d'être l'héritière de l'empire moghol.

En atteste, parmi ses modestes biens, son acte de mariage avec Mirza Mohammad Bedar Bakht. Jusqu'à sa mort en 1980, ce dernier affirmait être l'arrière-petit-fils du dernier souverain de la dynastie musulmane qui régna sur l'Inde jusqu'en 1858 et la colonisation britannique. Ce sont les Moghols qui feront bâtir le Taj Mahal au XVIIe siècle. 

Mais ce n'est pas ce palais dont Sultana Begum revendique aujourd'hui la propriété. Celle qui se bat pour faire reconnaître son statut impérial et obtenir une indemnité financière, a intenté une action en justice pour faire reconnaître que le Fort Rouge de New Delhi lui appartenait. "J'espère obtenir justice (...) Quand quelque chose appartient à quelqu'un, il faut le lui rendre", affirme-t-elle. Cet immense palais-fort du XVIIe siècle, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, représente l'apogée de la créativité moghole. 

Le Fort Rouge de New Delhi, le 12 août 2021
Crédit : Sajjad HUSSAIN / AFP

Le dernier empereur moghol d'Inde

Sa cause, soutenue par des militants, repose sur le postulat que la lignée de son défunt mari remonte à Bahadur Shah Zafar, dernier empereur moghol d'Inde. Lors de son couronnement en 1837, le pouvoir des Moghols se limite à New Delhi et sa périphérie. Vingt ans plus tard, quand éclate la première guerre d'indépendance contre la Compagnie anglaise des Indes orientales, les mutins désignent Bahadur Shah Zafar chef de cette insurrection.

L'Empereur, plus enclin à écrire des poèmes qu'à faire la guerre, sait ce soulèvement voué à l'échec. En un mois, l'armée britannique encercle Delhi et écrase la révolte, exécutant les dix fils survivants de Zafar Bahadur Shah en dépit de sa reddition. L'Empereur est alors exilé vers la Birmanie, où il meurt cinq ans plus tard (1862) en captivité et dans une grande misère.

Le Fort Rouge, un symbole de l'indépendance

De nombreux bâtiments du Fort Rouge avaient été démolis dans les années qui avaient suivi ce soulèvement et le palais était tombé en ruine avant que les autorités coloniales n'ordonnent sa rénovation au début du XXe siècle. Depuis, il est le symbole de l'indépendance de l'Inde. Le 15 août 1947, jour de l'indépendance du pays, le Premier ministre Jawaharlal Nehru avait hissé le drapeau national depuis la porte principale du fort, une cérémonie désormais annuelle.

La procédure engagée par Sultana Begum repose sur le fait que, selon elle, le gouvernement indien occupe illégalement ce palais dont elle aurait dû hériter. La semaine dernière, la Haute Cour de Delhi a rejeté sa demande, la qualifiant d'"immense perte de temps", sans pour autant se prononcer sur la légitimité de sa revendication en tant que descendante d'une monarchie.

71 euros par mois

La sexagénaire n'a jamais connu les ors d'un palais, même lorsqu'elle vivait avec son mari qu'elle a épousé en 1965 à l'âge de 14 ans. Il avait 32 ans de plus qu'elle. Devin de profession, il n'a jamais pu subvenir financièrement aux besoins de sa famille. "La pauvreté, la peur et le manque de ressources l'ont poussé au bord du gouffre", explique à l'AFP Sultana Begum, qui vit avec l'un de ses petits-enfants dans un minuscule deux-pièces d'un bidonville. Elle partage une cuisine commune et se lave à un robinet situé dans la rue.

Pendant des années, elle a tenu un petit magasin de thé, mais il a été démoli afin d'élargir une route. Désormais, elle survit avec 6.000 roupies (71 euros) par mois. Mais elle n'a pas perdu l'espoir d'être un jour reconnue comme la légitime héritière de cette lignée impériale et du Fort Rouge. "J'espère qu'aujourd'hui, demain ou dans dix ans, j'obtiendrai ce à quoi j'ai droit", dit-elle. "Si Dieu le veut, je le récupérerai... Je suis certaine que justice sera faite".

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