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Guerre en Ukraine : un cargo russe bloqué à Saint-Malo depuis le début du conflit
Depuis deux ans, le port de Saint-Malo abrite le cargo russe "Vladimir Latyshev", immobilisé suite au gel des avoirs russes. Pendant que l'ennui s'installe à bord, les marins s'occupent comme ils peuvent. Mais derrière cette situation, se cache un enjeu plus profond concernant le sort des marins et l'avenir du navire.
Le cargo russe "Vladimir Latyshev", immobilisé au port de Saint-Malo suite au gel des avoirs russes. A gauche, Vitali, le second avec au centre Andreï, le capitaine et à droite, Laure Tallonneau, inspectrice de l'ITF (Fédération internationale des
Crédit : Mathieu Lopinot
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Dans le port de Saint-Malo, un navire russe, le "Vladimir Latyshev", un cargo de 141 mètres de long, est consigné à quai depuis le 2 mars 2022. Ce cargo appartenant au ministre des Transports russe, Vitali Saveliev, est devenu le témoin silencieux des tensions politiques internationales et des conséquences humaines qui en découlent. Depuis le début de la guerre en Ukraine, ce vraquier est pris au piège du gel des avoirs russes. Le « Vladimir Latyshev » était venu livrer fin février 2022 de la magnésie à Saint-Malo. Les membres équipage, sept marins russes, se relayent à son bord et demeurent dans l'attente. Le "Vladimir Latyshev" est un vraquier récent, de 2021, entretenu, aux normes et qui vaudrait encore entre 15 à 20 millions d’euros.
Le capitaine, Andreï, est un homme de 37 ans, et le second, Vitali, est âgé de 26 ans. Leur quotidien, marqué par l'ennui et l'incertitude, se résume à des journées sans fin à nettoyer et à entretenir le navire, ponctuées par des appels téléphoniques à leur famille, du sport et des séances de visionnage de films pour tuer le temps. Ils ont le droit de quitter le bateau, de se balader en centre-ville de Saint-Malo.
Et pourtant, derrière cette façade de routine, se cachent des préoccupations plus profondes. Ils n'ont aucune information de leurs employeurs. Andreï et Vitali sont là, à bord, sans naviguer depuis plusieurs semaines. les marins sont payés. Ils ont un contrat de 4 à 6 mois, après quoi ces russes iront travailler sur un autre navire. Peut-être reviendront-ils, ils ne savent pas. "Nous ne sommes que de simples marins, personne ne nous tient au courant". Ils savaient en venant ici que le bateau ne naviguait pas. "Après, il faut bien travailler et gagner notre vie", disent-ils résignés.
Le cargo russe "Vladimir Latyshev", immobilisé au port de Saint-Malo suite au gel des avoirs russes
Crédit : Mathieu Lopinot
C'est un jour sans fin.
Vitali, second du "Vladimir Latyshev"
Les marins sont confrontés à une situation inhabituelle. "Confisquer un navire de commerce, ce n’est pas comme confisquer un yacht ou une maison de luxe sur la Côte d’Azur !", s'indigne Laure Tallonneau, inspectrice de l'ITF (Fédération internationale des ouvriers du transport), dénonçant une situation anormale qui tend à devenir la norme. "Des marins sont faits pour être en mer", s'insurge Laure Tallonneau.
En effet, tandis que les marins s'occupent comme ils peuvent à bord du Vladimir Latyshev, l'avenir du navire et celui de son équipage demeurent incertains.
Que disent les autorités de cette situation ?
Les droits sont payés au port par l'armateur, 10 000 euros par mois pour l'eau, l'électricité, le carburant. La préfecture dit qu'il n'y a pas d'urgence, pas de trouble à l’ordre public, pas de risque environnemental. Malgré cela, l'inspectrice ITF, qui rend visite régulièrement aux marins à bord. exprime ses inquiétudes quant à la pérennité de cette situation. Avec le temps et l'ennuie des tensions peuvent se créées à bord entre les marins.
L'armateur a déposé un recours face à cette situation. Il a un second cargo, du même armateur, le Victor Andryukhin, immobilisé aussi depuis le début de la guerre dans le port de Marseille.
