Guerre en Ukraine : Moscou bombarde Kiev, au moins quatorze morts dont trois enfants

C'est une offensive d'une rare violence qui a frappé Kiev, dans la nuit du mercredi 27 au jeudi 28 août. Au moins quatorze personnes, dont trois enfants, ont été tuées, ont annoncé les autorités ukrainiennes. Une trentaine de personnes, dont quatre enfants, ont également été blessées, a également indiqué le parquet.

Il s'agit de l'une des plus importantes attaques russes contre l'Ukraine depuis le début de la guerre, en février 2022. La Russie a tiré 598 drones et 31 missiles balistiques et de croisière, selon l'armée de l'air ukrainienne. Selon les données préliminaires, 563 drones de combat et drones leurres ainsi que 26 missiles ont été abattus ou brouillés, a-t-il été précisé.

Une attaque qui a creusé un cratère d'une hauteur de cinq étages dans un immeuble d'habitation, coupant le bâtiment en deux, selon des images publiées par le président Volodymyr Zelensky. Les fenêtres des immeubles d'habitation et des petites entreprises ont été soufflées. Des matelas pendaient sur des balcons éventrés par une frappe. 

Un bâtiment de l'UE délibérément visé

Dans la capitale, frappée à vingt endroits différents, les secouristes et les habitants se sont affairés, dès le début de la journée, à ramasser les débris dans les rues de Kiev. Des habitants se sont retrouvés bloqués sous les décombres d'immeubles résidentiels.

Le bâtiment de la mission de l'Union européenne a été endommagé par une frappe russe "délibérée", a annoncé le président du Conseil européen, Antonio Costa, promettant que l'UE ne se laisserait "pas intimider". Il s'est également dit "horrifié" de "l'agression russe qui ne fait que renforcer notre détermination à soutenir l'Ukraine et son peuple". Le bureau du British Council a également été "gravement endommagé" dans ces frappes.

Une école maternelle et un centre commercial ont également été touchés, selon les autorités locales.

Kiev, très loin du front et dotée d'importantes défenses antiaériennes, a été longtemps relativement préservée des attaques aériennes comparé à d'autres parties du pays. Mais la capitale a été la cible de frappes meurtrières ces derniers mois, la Russie lançant des attaques de drones et missiles records vers son voisin. Fin juillet, des frappes russes avaient fait plus de 30 morts à Kiev.

Côté russe, l'armée a indiqué avoir intercepté 102 drones ukrainiens, alors que les attaques aériennes de Kiev ciblant les raffineries ces dernières semaines ont fait flamber le prix de l'essence.

Zelensky appelle à une réaction internationale

Volodymyr Zelensky a déploré "une autre attaque massive de nos villes". "Encore des meurtres", a écrit le président ukrainien sur Telegram. "La Russie n'a aucun intérêt pour la diplomatie. Elle choisit de continuer de tuer plutôt que de mettre fin à la guerre", lancée il y a trois ans et demi. "Cela veut dire que la Russie n'a toujours pas peur des conséquences", a-t-il ajouté, notant que tous les ultimatums lancés au Kremlin pour mettre fin au conflit avaient été sans effet.

Volodymyr Zelensky a dit attendre une "réaction" de la part de la communauté internationale, notamment de nouvelles sanctions contre Moscou. Il a appelé la Chine, alliée de la Russie, et la Hongrie, membre de l'Union européenne mais restée proche du Kremlin, à faire pression sur Moscou.


Les efforts diplomatiques se sont récemment accélérés, sous la houlette du président américain Donald Trump, mais ils n'ont pas encore donné de résultats concrets et la Russie a intensifié ses attaques aériennes contre l'Ukraine.

Indignation internationale

Le président français Emmanuel Macron a dénoncé la "terreur" et la "barbarie" de la Russie et condamné "avec la plus grande fermeté ces attaques insensées d'une grande cruauté". "629 missiles et drones en une nuit sur l'Ukraine : voilà la volonté de paix de la Russie", a-t-il écrit sur X. "Soutien total au peuple ukrainien, compassion profonde pour toutes les familles endeuillées", a-t-il ajouté.

Les frappes russes sur Kiev montrent que la Russie "ne recule devant rien" pour "terroriser" l'Ukraine, a affirmé, de son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. "Il s'agit de l'attaque de drones et de missiles la plus meurtrière contre la capitale [ukrainienne] depuis juillet", a-t-elle déploré. "C'était aussi une attaque contre notre délégation", a-t-elle ajouté.

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a, lui, accusé le président russe de "saboter les espoirs de paix". Vladimir "Poutine tue des enfants et des civils. Ce bain de sang doit cesser", a déclaré sur son compte X le dirigeant britannique.

Un sommet Poutine-Zelensky de plus en plus incertain

Les frappes sur Kiev en juillet dernier avaient poussé le président américain, Donald Trump, à accroître la pression sur Moscou pour accepter une trêve et conduit à sa rencontre avec son homologue russe, Vladimir Poutine, en Alaska le 15 août. Après ce sommet, suivi par une visite à Washington de Volodymyr Zelensky accompagné de ses alliés européens, le dirigeant américain a dit vouloir préparer une rencontre en face à face entre les présidents russe et ukrainien.

La perspective d'un tel sommet semble depuis s'éloigner, Moscou et Kiev se rejetant la responsabilité d'un blocage.

Avant la conclusion d'un hypothétique accord de paix, l'Ukraine veut obtenir des garanties de sécurité des Occidentaux pour dissuader Moscou de toute nouvelle attaque. Volodymyr Zelensky a annoncé que des membres de son équipe allaient rencontrer vendredi à New York des représentants de l'administration de Donald Trump.

Pour mettre fin à son assaut, la Russie réclame notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renonce à intégrer l'Alliance atlantique. Des conditions que Kiev juge inacceptables. L'armée russe, qui occupe environ 20% de l'Ukraine, dans l'est et le sud, a accéléré sa progression sur le terrain ces derniers mois face à des unités ukrainiennes moins nombreuses et moins bien équipées.

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