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Guerre en Ukraine : Marioupol est-elle vraiment en reconstruction, comme l'affirme la propagande russe ?
Huit mois après la chute de Marioupol, la ville est-elle en train de renaître de ses cendres ? C'est en tout cas ce que veut faire croire la propagande russe, qui a diffusé ces dernières semaines les images de nouveaux logements proprets. Il s'agit en fait d'un micro-quartier.
Depuis plusieurs semaines, des vidéos montrant de nouveaux immeubles à Marioupol inondent les réseaux sociaux. Diffusées par des media pro-russes, elles laissent à penser que l’occupant est en train de reconstruire la ville. Or la réalité est tout autre. Moscou construit quelques immeubles qui lui servent d’outil de propagande. Une propagande que dénoncent les habitants qui vivent encore dans les quartiers dévastés de Marioupol.
Ce sont
quelques blocs d’immeubles flambant neufs, aux façades blanches, orange et
mauves. Devant, un espace de jeu est aménagé pour les enfants. L’ensemble
semble bien propret. Ces bâtiments ont été construits en quelques semaines et
les chaînes de télévision russes se pressent pour tourner clips et reportages
qu’ils diffusent à l’envie sur les réseaux sociaux.
Lioudmila est née à Marioupol, elle y a vécu jusqu’en avril 2022. Depuis, elle est installée dans l’Ouest du pays, mais elle est restée en contact avec des amis qui vivent encore dans la ville sous occupation russe. "C’est en dehors de la ville, loin de tout. Il n’y a jamais rien eu dans ce coin. Les appartements sont de mauvaise qualité, construits avec des matériaux bon marché. Mais c’est normal. Ils les ont construits en 2 mois, ça ne peut pas être bien", explique-t-elle après avoir regardé les vidéos.
Au détour d’un
reportage, les témoignages confirment que la qualité n’est pas au rendez-vous.
Finitions bâclées, défauts de fabrication, malfaçons : "Je vais vous livrer un secret. Au 3e
étage, dans l’appartement 28, une canalisation a cédé et ça fait une semaine
que ça fuit. L’eau s’accumule dans le plafond de l’appartement d’en dessous et ça
va bientôt s’effondrer", affirme
un nouvel arrivant.
"Ils veulent effacer les traces de leurs crimes"
Ces nouveaux appartements sont majoritairement attribués aux habitants de Marioupol qui soutiennent les autorités d’occupation pro-russes. "On a proposé un de ces appartements à une amie, mais elle a refusé. Elle veut rester là où elle a toujours vécu", explique Lioudmila, dont l’appartement a été entièrement détruit au début de la guerre.
À regarder
Dans les autres parties de la ville, l’heure n’est pas à la reconstruction. Les Russes essayent plutôt d’effacer les traces des combats passés : "Ils écrasent toutes les maisons avec des tanks. C'est épouvantable. Il y a encore des corps sous les gravats. Tout ce qu'ils veulent, c'est effacer les traces de leurs crimes", s’insurge Lioudmila tout en confessant qu’elle ne supporte plus la propagande russe sur les réseaux sociaux.
Il reste aujourd’hui environ 100.000 habitants à Marioupol. Ils étaient 450.000 au début du conflit.
