Les combats font toujours rage à Bakhmout et Avdiivka. Depuis des mois, ces deux villes du Donbas, dans l'est de l'Ukraine, sont pilonnées par les Russes. Les pertes humaines sont considérables - elles se comptent en milliers -, et au milieu de ce chaos, quelques civils vivent encore cachés sous terre.
Il n'y a plus qu’une seule route qui mène à Bakhmout. On arrive par l'ouest, depuis une colline qui surplombe la ville. Les rues sont désertes. La ville est sous le feu russe en permanence. Les obus tombent partout, tout le temps. Aucun bâtiment n’a été épargné.
C'est un paysage de désolation. Tout a été soufflé par les
explosions. La ville est désormais interdite. Nous croisons seulement des
véhicules militaires qui roulent vite malgré les trous d’obus dans
la chaussée. S’arrêter c’est prendre le risque de mourir.
Nous atteignons le centre-ville de Bakhmout où nous
rejoignons des combattants tchétchènes qui se battent aux côtés des Ukrainiens.
Ils sont installés à quelques centaines de mètres des positions russes, dans un
ancien bâtiment municipal, dont il ne reste plus aucune porte ni fenêtre.
Vous n’avez même pas le temps de vous mettre à l’abri
Islam, un sniper
Ils vivent donc au sous-sol, où nous rencontrons Islam, un
sniper, le visage dissimulé par une cagoule. "Ici, c’est très
dur, confie-t-il. Et je ne parle pas des combats de rue mais des canons et des chars. Les
Russes utilisent énormément d’artillerie et cela peut tomber n’importe où. Vous
n’avez même pas le temps de vous mettre à l’abri ou de vous cacher."
Ces soldats se battent à Bakhmout depuis 6 mois, ils connaissent tous les recoins de la ville. Ils ont vu les Russes avancer ces dernières semaines. Ils nous emmènent dans les rues du centre-ville. Chaque sortie est périlleuse.
Nous avançons dans une rue complètement détruite. Nous devons longer des murs pour rester à l’abri des tirs, les trottoirs sont recouverts de vitres brisées et de tuiles. Il n'y a aucun bruit à part ceux de nos pas et des explosions, tout près.
Nous arrivons rue de la paix, un
carrefour aujourd’hui très dangereux. "Les Russes sont
juste au bout de cette rue. Le moindre véhicule ou la moindre personne qui
passe, les russes les voient immédiatement et ils tirent. Vous voyez les
voitures calcinées là ? c’était la semaine dernière. Alors surtout ne
traversez pas !"
Une explosion plus proche que les autres fait alors trembler
le sol sous nos pieds. La
règle de sécurité numéro un à Bakhmout : ne pas rester trop longtemps
dehors, à découvert. Nous repartons vers la base. Difficile de dire combien de temps les Ukrainiens pourront
encore tenir la ville.
Nous ressortons de Bakhmout. Nous croisons alors quelques
civils, ils marchent lentement au milieu des ruines, hagards. Certains
cherchent de l’eau, d’autres ont l’air totalement perdus, presque fous. Ils
seraient encore plusieurs milliers à vivre dans cet enfer, dans les sous-sols
de la ville.
Une ville fantôme. C’est le cas aussi à Avdiivka, l'autre front le plus actif de cette
guerre, les civils sont eux-aussi terrés chez eux ou en sous-sols. Ici, au sud
de Bakhmout, pas très loin de Donetsk, la guerre dure depuis 2014.
Pourtant,
quelques milliers de personnes vivent toujours au milieu des décombres et des
bombardements. Pour les trouver, il faut les chercher en sous-sols. Nous
nous dirigeons vers plusieurs immeubles mais nous essuyons beaucoup de refus.
Des gens hagards, nous ouvrent puis referment la porte de leur cave. Ils ont
peur, d’autres sont pro-russes et refusent de parler aux journalistes.
Un peu plus loin, nous arrivons devant un supermarché
éventré, une inscription peinte en rouge sur le mur : ABRI. Une dame très maigre nous ouvre. Elle a le teint gris et ne
peut s’empêcher de trembler : "Cela fait déjà 1 an qu’on est là. Aujourd'hui, il y a
encore eu un bombardement tout près d’ici. je tremble car je suis terrifiée".
Elle repart se réfugier. À l'intérieur, une vingtaine de
personnes, des lits, une cuisine. Une faible lumière. Personne ne parle, chacun semble dans ses
pensées, loin de cette réalité.
L'avenir, tout ça. Je ne sais même plus ce que ça veut dire
Un habitant
Un homme se lève, en colère. Il explique qu’il y a deux jours,
une femme est morte de peur ici : "Quand vous voyez ici tous ces missiles arriver sur
nous, personne ne peut penser au futur. On veut juste survivre à cette journée.
Alors, l’avenir, tout ça. Je ne sais même plus ce que ça veut dire".
Difficile parfois de comprendre pourquoi ces gens restent ici dans
leur sous-sol au milieu des ruines et des bombardements. Eux-mêmes ont du mal à
l’expliquer. Les traumatismes sont trop grands et partir leur parait
insurmontable.
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