Pendant 7 mois, des milliers d’habitants ont vécu sous occupation russe, jusqu’à la libération de la région de Kherson il y a quelques semaines. Sept mois de guerre, de combats, d’occupation, de survie. Émilie Baujard et Jonathan Griveau sont allés à la rencontre de ces Ukrainiens, à peine sortis de l’horreur.
À Visykopillia, Novo Oleksandrivka, Lyubymivka et Lupareve, les témoins de l'occupation russe racontent. Il y a Serguei qui se souvient très bien de l'arrivée de l'armée de Vladimir Poutine dans son village. C'était le 10 mars 2022 : "J’étais au travail, juste derrière là dans les champs avec les collègues. On a vu un tank arriver vers nous. Des policiers russes sont descendus, ils nous ont demandé nos papiers. On ne les avait pas sur nous. Ils nous ont retenus le temps que quelqu’un du village apporte nos carte d’identité. Ils ont vérifié puis ils nous ont tous embarqués. On ne le savait pas, mais on est alors partis pour trois mois de captivité".
Sa benjamine, Ana, 14 ans, n'est pas sortie de chez elle pendant 7 mois. "Les Russes cherchaient les filles. J’avais peur qu’ils m’attrapent et me violent, explique-t-elle. Parfois j’allais dans mon jardin, cachée derrière les grilles mais je ne suis jamais sortie dans la rue. Et quand je savais que les Russes étaient dans le quartier, je ne bougeais pas du sous-sol."
Dans un autre village Irina a dû cohabiter avec les soldats russes. Elle raconte : "À un moment, ils ont voulu organiser une élection pour élire un maire mais personne n’a voulu se présenter, personne ne voulait collaborer avec eux. Ils ont fini par désigner un habitant, ils l’ont arrêté, mis un sac plastique sur la tête, et ils l’ont torturé pour qu’il accepte. Heureusement pour lui, le village a été libéré quelques jours plus tard".
Dans cet épisode d'Immersions, vous entendrez également Vitaly, policier qui veille désormais sur des villages dévastés et désertés. Et puis vous découvrirez Lydia 72 ans qui vit sans eau, ni électricité, mais qui ne veut pas quitter sa maison.