Arsène se présente comme franco-ukrainien. Ce n'est pas la première fois qu'il vient aider en Ukraine. Cet anesthésiste de 32 ans, installé à Lille, a demandé à aller au plus près des combats pour aider les soldats ukrainiens. Il vient donc de passer trois semaines à Bakhmout dans le Donbass. Une ville sans aucun intérêt stratégique mais que Vladimir Poutine, le président russe, pilonne depuis des semaines. C'est aujourd'hui un des fronts les plus meurtriers de cette guerre ; le tout dans un décor digne de Verdun.
"C'est vraiment la première impression que j'ai eue quand j'ai vu les soldats arriver'", raconte-t-il à RTL. "Ils avaient sur eux, cinq à six couches de vêtements, pour se protéger de l'humidité, du froid. Ils ont entre trois et cinq kilos de boue à chaque jambe. De la boue qui remonte à mi-cuisses. Ils sont dans un état d'hygiène déplorable, ce sont des conditions très difficiles avec la boue, l'humidité, les rats et les cadavres".
À Bakhmout, les combats sont acharnés et les pertes considérables. "La grande majorité ce sont des blessés par éclats d'obus ou de mortiers. Ça, ce sont 90% des blessés, les 10% restants ce sont des traumatismes liés aux ondes de choc suite à des tirs d'artillerie", estime le Lillois.
Arsène et ses collègues sont là pour stabiliser ces blessés ("pour éviter qu'ils meurent dans l'heure" explique l'anesthésiste) pour ensuite les faire évacuer vers des hôpitaux loin du front. Le quotidien est dangereux. Les tirs d'obus sont quotidiens comme l'explique Arsène : "on est constamment sous les tirs quand on doit sortir du poste médical pour aller chercher du matériel ou transporter des patients. Quand on est dans le bâtiment on a une illusion de sécurité parce qu'on est entre quatre murs mais on sait très bien que si quelque chose tombe à côté ça peut aplatir un mur et les éclats aller partout".
La seule "bonne" nouvelle sur le front de Bakhmout c'est qu'il n'y a pas de problème d'électricité ou d'eau. Les postes militaires ont des générateurs et des citernes ce qui leur permet d'être totalement autonomes.
En revanche, à Mikolaïv dans le sud de l'Ukraine, la situation énergétique est bien différente. Là-bas, la ville est bombardée presque quotidiennement, il n'y a plus d'eau courante depuis déjà des mois et les coupures de courant sont de plus en plus fréquentes. Ce sont dans ces conditions que travaille Quentin, 26 ans. Cet interne en cardiologie de Toulouse vient de passer 15 jours dans l'un des hôpitaux de Mikolaïv.
"Je suis dans le service d'anesthésie-réanimation et sur place ils n'ont aucun cardiologue qui fait de l'échographie cardiaque donc je les dépanne énormément sur ce type d'examen", explique-t-il. Quentin prête aussi main forte au bloc opératoire et pour toutes les tâches où il peut être utile. Il avoue aussi avoir servi de psychologue pour ses collègues ukrainiens, qui vivent l'horreur depuis presque 10 mois.
"Ce qui est dur surtout pour eux c'est l'éloignement de leurs familles", dit-il. "Mon chef par exemple il n'a pas vu sa femme ni sa fille depuis neuf mois. Alors parfois dans son appartement sans électricité, il dort dans la chambre de sa fille. Il y a un jeune chirurgien Youri, il dessine très bien. Il m'a expliqué que son père était professeur de peinture à Moscou mais que depuis la guerre ils ne se parlaient plus".
Quentin est très touché par le courage et l'humanité de ses collègues ukrainiens. Il n'en regrette pas une seule seconde son choix d'être venu aider. "J'ai 26 ans, je me suis identifié à ces jeunes qui combattent maintenant depuis plus de 9 mois", explique-t-il. "Et je me suis dit que si médicalement je pouvais atténuer un peu leur souffrance, alors je devais le faire. Et puis militairement, je suis aussi réserviste à la légion étrangère".
En Ukraine, Quentin apprend aussi à travailler sans électricité et avec peu de matériel. "Ils n'ont pas grand-chose mais ils font des miracles", estime-t-il. "En France, par exemple, les seringues sont à usage unique. On les utilise une fois et on les jette. Et bien là, on les utilise sur un patient et on attache la seringue au lit du patient pour pouvoir s'en resservir sur le même patient. Et là, les autorités nous ont demandé de déprogrammer les opérations car elles ont peur des coupures. La journée, on opère avec la lumière du jour et le soir on utilise la lumière de nos téléphones".
Quentin et Arsène vont très prochainement rentrer en France, avec l'envie de revenir bientôt en Ukraine.
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