Gaza : ce que l'on sait de l'opération de l'armée israélienne dans l'hôpital al-Shifa

La situation autour de l'hôpital al-Shifa, le plus grand de la bande de Gaza, a franchi un nouveau cap mercredi 15 novembre, très tôt le matin. L'armée israélienne a publié un communiqué sur Twitter dans lequel elle affirme mener une "opération précise et ciblée" contre le Hamas, à l'intérieur même de l'établissement. Tsahal avait averti ces derniers jours le mouvement islamiste, qu'elle accuse d'opérer directement depuis l'hôpital. Le Hamas, de son côté, a toujours nié ces accusations. 

Cette opération est d'autant plus sensible qu'elle intervient dans un contexte humanitaire dramatique dans l'hôpital, dénoncé par l'ONU et des ONG depuis plusieurs jours. Des milliers de civils sont réfugiés à l'intérieur, encerclés par les combats entre l'armée israélienne et le Hamas et donc dans l'impossibilité de fuir. La situation des patients suscite également l'inquiétude. RTL vous résume ce que l'on sait de cette opération menée par Tsahal. 

Comment l'armée israélienne justifie son opération

Tsahal a expliqué son opération dans un long texte publié en anglais, sur X (ex-Twitter). "Les forces de défense israélienne mènent une opération ciblée et de précision contre le Hamas dans un secteur spécifique de l'hôpital al-Shifa", indique l'armée. "Ces dernières semaines, Tsahal a publiquement averti à maintes reprises que l’utilisation militaire continue de l’hôpital Shifa par le Hamas mettait en danger son statut de protection au regard du droit international", poursuit le communiqué. "Nous appelons tous les terroristes du Hamas présents à l'hôpital à se rendre", insiste l'armée israélienne. Elle estime que l'hôpital al-Shifa abrite des infrastructures stratégiques du Hamas, qui se sert selon elle de la population comme de "boucliers humains".

Le ministère de la Santé dans la bande de Gaza avait indiqué avoir été notifié par l'armée israélienne, plus tôt dans la nuit de mardi à mercredi, de son intention de mener une incursion dans cet hôpital. Aucun bilan n'était disponible dans l'immédiat, ni davantage de détails sur le déroulé de l'opération. Le directeur des services de santé dans la bande de Gaza, Mounir Abou AlReesh, a livré un premier témoignage sur la chaîne al-Jazeera. Il a indiqué être "à l'intérieur" de l'hôpital al-Shifa, où les patients étaient selon lui en état de panique, et entendre des bruits d'explosion.

Les États-Unis confirment les informations israéliennes, le Hamas condamne

Le gouvernement américain a également accusé le Hamas de se servir de certains hôpitaux de Gaza comme des centres militaires, mardi dans la foulée des déclarations de l'armée israélienne. John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, a affirmé que le Hamas et le Jihad islamique, un autre groupe palestinien, utilisent "un centre de commandement et de contrôle depuis l'hôpital al-Shifa". Il a précisé que "des tunnels se (trouvent) dessous, pour dissimuler et soutenir leurs opérations militaires et pour détenir des otages". Le porte-parole a ajouté que ces sites servaient à stocker des armes, et a précisé que ces renseignements avaient été obtenus par les États-Unis eux-mêmes. "Nous ne voulons pas d'échange de tirs dans un hôpital ou des gens innocents, démunis, malades, essaient simplement d'être soignés", a-t-il tout de même déclaré. "les hôpitaux et les patients devaient être protégés", a répété la Maison-Blanche mercredi matin. 

Le Hamas, qui réfute ces renseignements, a rétorqué que ces déclarations constituaient un "feu vert" à Israël pour commettre des "massacres brutaux". Puis le mouvement islamiste a accusé le gouvernement américain, et Joe Biden en particulier, d'être "responsable" de l'opération menée par Tsahal, dans un communiqué écrit en arabe. 

Une situation humanitaire et sanitaire désastreuse qui risque d'empirer

Cette opération de l'armée israélienne fait en tout cas craindre de nouvelles victimes civils à al-Shifa, alors que l'hôpital est très durement éprouvé ces derniers jours. Des bombardements et des combats font rage dans les alentours, avec des témoignages faisant état de morts dans les rues avant même l'intervention de Tsahal à l'intérieur du bâtiment. Le directeur de l'établissement a déclaré qu'au moins "179 corps" avaient été enterrés mardi dans une fosse commune. Un journaliste collaborant avec l'AFP dans l'hôpital a raconté que l'odeur des corps en décomposition était étouffante. Plusieurs bébés prématurés sont par ailleurs morts ces derniers jours selon des ONG, les couveuses ne fonctionnant plus par manque d'électricité. 

L'ONU et des ONG ont appelé à un cessez-le-feu pour évacuer l'hôpital. Médecins sans frontières a ainsi exhorté l'armée israélienne et le Hamas d'instaurer "un passage sécurisé" pour leur permettre de "quitter l'épicentre des combats", sans succès. Au moins 2.300 personnes sont piégées par les combats à l'intérieur de l'hôpital al-Shifa, selon une estimation du bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

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