Quelques heures après la fusillade qui s'est déroulée au siège californien de YouTube à San Bruno, mardi 3 avril, lors de laquelle trois personnes ont été blessées, les motifs du passage à l'acte de la tireuse demeurent flous mais des informations éclairent peu à peu son profil dans la presse américaine alors que l'enquête des autorités est toujours en cours. Identifiée comme Nasim Najafi Aghdam par la police locale, l'assaillante, qui s'est suicidée après l'attaque, était une femme de 38 ans qui semblait vouer une profonde détestation envers YouTube dont elle critiquait la politique de modération dans plusieurs vidéos.
Nasim Najafi Aghdam menait une vie numérique active. La trentenaire possédait un site Internet personnel, gérait plusieurs chaînes YouTube - supprimées mardi soir par Google - ainsi que des comptes sur Instagram et Dailymotion. Elle publiait en anglais, en farsi et en turc. Elle défendait la cause vegan et dénonçait la maltraitance animale, en publiant parfois des vidéos violentes montrant des actes de cruauté envers des animaux. Elle réalisait aussi des vidéos de fitness, chantait et récitait des poèmes. Ses dernières publications laissaient entrevoir une frustration croissante à l'encontre de la plateforme.
D'après plusieurs témoignages recueillis par la presse américaine auprès de son cercle familial, Nasim Najafi Aghdam était persuadée que YouTube la persécutait. Dans une interview au Mercury News, son frère, Shahran Aghdam explique qu'"elle se plaignait constamment que YouTube ruinait sa vie". La jeune femme reprochait à la plateforme d'avoir mis un frein à sa carrière de youtubeuse en censurant ses vidéos pour restreindre son audience et en l'empêchant de les monétiser avec de la publicité. "Je suis discriminée et filtrée sur YouTube et je ne suis pas la seule", expliquait-elle dans une vidéo publiée par la chaîne NBC.
La jeune femme dénonçait le système de monétisation de YouTube. La plateforme vidéo de Google a changé en 2016 la façon dont elle rémunère les créateurs de contenus, se laissant la possibilité de stopper la monétisation de certaines chaînes pour diverses raisons, jugées opaques par de nombreux vidéastes. Nasim Najafi Aghdam reprochait par exemple à YouTube d'avoir classé une de ses vidéos d'entraînement sportif comme relevant du contenu pour adultes. "Il n'y avait rien de sexuel. Cette vidéo était en train de devenir virale alors YouTube a décidé de restreindre son audience", s'indignait-elle. Elle s'interrogeait aussi sur la chute substantielle des revenus qu'elle percevait de la plateforme.
Dans un message affiché en bonne place sur son site personnel, elle expliquait qu'"il n'y a pas de véritable liberté d'expression et vos vidéos seront supprimées si elles disent une vérité que le système n'approuve pas. Il n'y a pas d'opportunité de croissance sur YouTube, votre chaîne ne grossira que s'ils l'ont décidé!". Elle citait aussi Adolf Hitler : "Les gens croiront un gros mensonge plus facilement qu'un petit. Et si vous leur répétez, ils finiront par y croire".
Le 18 mars, elle déclarait sur Instagram que YouTube utilisait ses outils afin de "censurer les gens qui disent la vérité et menacent ainsi les intérêts financiers et politiques du système et des grandes entreprises". Son père avait signalé sa disparition aux autorités le 31 mars, les alertant qu'elle risquait de se rendre chez YouTube car elle était "toujours en colère" contre l'entreprise.
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