Comme ses collègues,
Isabelle, enseignante franco-américaine, en a pleuré. Tous étaient dans le
déni, tant la loi semblait irréelle. Mais il y a deux
semaines, cacher tous les livres est devenu
une obligation. Elle raconte : "Je les ai couverts, j'ai mis un drap. Il y a beaucoup d'émotions, de la tristesse, de la frustration, de la colère. Beaucoup d'entre nous sont effrayés de ce que ça représente pour notre futur. En attendant, on s'exécute". Les enseignants qui
refuseraient risquent 5.000 euros d’amende, voire de la prison.
Un comité de
lecture, souvent des bibliothécaires formés à la va-vite, notamment via une vidéo, devra dire si tel livre est acceptable ou pas. Un impératif : pas
de pornographie. Tout le monde est
d’accord, mais la définition de la
pornographie est large : "Tout ce qui susciterait une certaine excitation n'est pas acceptable. Donc si un mouton bouge un peu trop son corps à côté de la vache, ça pourrait potentiellement être censuré", explique Isabelle.
Par ailleurs, les livres ne doivent pas
être discriminatoires. Là encore, ça paraît du bon sens. Mais la discrimination
ne concerne pas forcément des minorités, mais des Américains agacés par le rappel de certains faits
historiques. Ainsi, des livres
insistant sur le passé esclavagiste du pays ont été retirés.