États-Unis : des médecins soupçonnés d'avoir prescrit des opiacés illégalement

Ils profitaient de l'addiction de leurs patients. Soixante personnes, dont des médecins, des infirmiers et des pharmaciens, ont été inculpées aux États-Unis, soupçonnées d'avoir rédigé des centaines de milliers de prescriptions illégales pour des opiacés, a annoncé le mercredi 18 avril le ministère américain de la Justice.

Parmi les personnes inculpées figure un médecin du Tennessee qui a prescrit 1,4 million de ces pilules anti-douleurs en trois ans, en échange de relations sexuelles. Sur la même période, un pharmacien de l'Ohio a remis 1,75 million de comprimés avec la complicité d'autres pharmaciens et de docteurs. En Alabama, un médecin imposait une "taxe" de 50 dollars par mois à des patients dépendants pour continuer à leur délivrer des prescriptions d'opiacés.

Depuis quelques années, les autorités américaines s'efforcent de mettre un terme aux abus, qui passent aussi par des procédures contre les fabricants et distributeurs d'opiacés.

La crise des opiacés fait des ravages

Ce vaste coup de filet, qui concerne surtout la région pauvre des Appalaches, intervient en pleine crise sanitaire aux États-Unis autour de ces médicaments anti-douleurs. Sur-prescrits pendant des années, les opiacés ont généré une dépendance croissante et poussé les consommateurs vers des drogues dures comme le fentanyl et l'héroïne.

Conséquence : les overdoses ont explosé. Elles ont causé la mort de 70.000 Américains en 2017, soit 10% de plus qu'en 2016. "L'épidémie liée aux opiacés est la crise liée aux drogues la plus mortelle de l'histoire américaine, et les Appalaches en ont peut-être plus souffert qu'aucune autre région", a déploré le ministre de la Justice Bill Barr.