Espagne, Grèce, Albanie... Ce que l'on sait des incendies d'ampleur qui touchent le sud de l'Europe

Des dizaines de milliers d'hectares sont partis en fumée en Europe méridionale en quelques jours seulement. Espagne, Portugal, Grèce, Turquie, Albanie, Italie... De nombreux pays européens doivent combattre des incendies d'ampleur, favorisés par une vague de chaleur intense et prolongée, associée à une grave sécheresse, qui menacent de nombreuses localités et qui ont fait au moins quatre morts ces derniers jours. 

Plus de la moitié des sols d'Europe et des côtes méditerranéennes étaient affectés en juillet par la sécheresse (52 %) pour le quatrième mois consécutif, selon l'analyse par l'AFP des données de l'Observatoire européen de la sécheresse (EDO). Ce taux de 52 % est le plus élevé enregistré pour un mois de juillet depuis le début des observations en 2012, supérieur de 21 points à la moyenne 2012-2024. La sécheresse dans la région a battu des records mensuels chaque mois depuis le début de l’année.
En France, la situation s'améliore de jour en jour. Dans l'Aude, un incendie a ravagé plus de 16.000 hectares, la semaine passée. Désormais fixé, puis maîtrisé, l'incendie fait l'objet d'une enquête menée par le pôle régional de l'environnement du parquet de Montpellier. Les premières investigations ont permis d'établir que "cet incendie avait une origine anthropique, toute cause naturelle étant exclue". En Charente, un feu a parcouru 230 hectares en début de semaine.

La Grèce face à une vingtaine d'incendies

En Grèce, les pompiers doivent combattre 23 incendies d'ampleur à travers le pays. La journée de mercredi a été "une journée très difficile" en raison de violentes rafales de vent, ont indiqué les soldats du feu. "C'est certainement les 24 heures les plus difficiles de la période de lutte contre les feux", a déclaré le président de l'Union des Officiers des Pompiers, Kostas Tsigas.

"Rien qu'hier, 82 incendies ont éclaté, un nombre très important qui, combiné aux vents violents, à la sécheresse et aux températures élevées, a créé d'énormes difficultés", a-t-il poursuivi. 

Dès l'aube, mercredi, 33 avions et plus de 4.800 pompiers étaient mobilisés sur tous les fronts. Un dispositif qui n'était pas suffisant, car Athènes a fait appel, mardi, au mécanisme européen pour obtenir quatre bombardiers d'eau supplémentaires, alors que plus de 20.000 hectares ont été détruits par les flammes depuis juin dans le pays.

Les incendies les plus inquiétants se situent sur l'île de Zante, en mer Ionienne (ouest), sur l'île de Chios (dans le nord-est de la mer Égée), à Preveza (ouest), ainsi que dans le département d'Achaïa (dans le nord-ouest du Péloponnèse).

Un nouvel incendie s'est déclaré près du site archéologique de Vouteni, proche de la ville de Patras, et menace désormais des zones de forêts et des habitations. 

Au Portugal, les habitants disent avoir "peur"

Le Portugal faisait face, mercredi, à cinq incendies d'ampleur, qui sévissent dans le nord et le centre du pays. Quelque 1.800 pompiers, appuyés par une vingtaine de moyens aériens, sont à pied d'œuvre pour tenter de les maîtriser.

Le brasier qui mobilisait le plus de moyens est celui de Trancoso (centre) actif depuis samedi, où des rafales de vent ont provoqué de nouvelles reprises de feu. 

Près d'Aldeia Nova, sous un épais nuage de fumée recouvrant les rues du petit village de maisons en pierre, les habitants ont prêté main-forte aux pompiers. "Ça fait peur [...] mais on est toujours prêts à s'entraider", a témoigné à la télévision Sic Noticias, un agriculteur. 

Depuis le début de l'année, les feux de forêt ont consumé plus de 63.000 hectares, selon des données de l'Institut national de gestion des forêts (ICNF). 

Deux morts en Espagne

Quatorze incendies majeurs menacent encore l'Espagne, surtout dans le nord. Dans la province de Castille-et-León (nord-ouest), sept personnes ont été hospitalisées après avoir été blessées, dont quatre sont dans un état critique, ont indiqué les autorités. Un homme de 37 ans a été brûlé sur 85 % du corps et une femme de 56 ans sur la moitié du corps.

C'est dans cette même région qu'un volontaire de 35 ans a trouvé la mort mardi en luttant contre le feu. Près de Madrid, un homme de 50 ans est décédé après avoir voulu sauver son cheval, indique El Pais.

L'autre région où la situation est la plus préoccupante est la Galice (pointe nord-ouest), où quelque 11.500 hectares ont déjà été détruits par les flammes, notamment dans la province d'Ourense, où les pompiers ne parviennent pas à mater un grand incendie à Chandrexa de Queixa. Selon le président de la Galice, Alfonso Rueda, trente foyers d'incendie sont éteints quotidiennement dans la région.

Mais la situation s'améliore progressivement, grâce à une hausse de l'humidité, un peu de pluie et une baisse des températures.

Malgré cela, le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a indiqué, mercredi, avoir fait appel au mécanisme d'aide au sein de l'Union européenne et demandé à ce que soient envoyés dans son pays deux avions Canadair.  "Nous avons formalisé ce soir" la demande à l'UE "et nous avons demandé un module avec deux avions Canadair" spécialisés dans la lutte contre les incendies, a déclaré le ministre à la radio Cadena Ser.

Jusqu'ici cette année, le pays a déploré 199 incendies ayant détruit 99.000 hectares, deux fois plus que l'an dernier, mais trois fois moins toutefois qu'en 2022, l'année la pire.  

Les incendies font deux victimes dans les Balkans

Plusieurs pays des Balkans luttaient toujours mercredi contre des dizaines d'incendies. En Albanie, des incendies hors de contrôle sévissaient dans le centre et le sud du pays. Les autorités ont recensé depuis dimanche 38 foyers, dont 14 sont toujours actifs, notamment dans la région de Polican, à 120 kilomètres au sud de Tirana, près d'une ancienne usine d'armement. Depuis juillet, 33.735 hectares de terrains ont brûlé en Albanie, selon le Système européen d'information sur les incendies forestiers (Effis).

Dans ce pays, un homme de 80 ans est décédé après avoir allumé un incendie dans son jardin, qui a atteint ceux de ses voisins. Huit personnes ont été blessées avant que le feu ne soit maîtrisé.

Au Monténégro, un soldat qui participait à la lutte anti-incendie est mort et un autre a été blessé dans l'accident de leur camion-citerne. 

Une situation qui s'améliore en Italie

En Italie, la situation s'est légèrement améliorée sur le front des incendies, le feu sur les flancs du volcan, le Vésuve, qui avait projeté des nuages de fumée au-dessus de Naples (sud) ayant été maîtrisé au bout de cinq jours.

Cependant, le pays reste en alerte, avec onze villes placées en alerte rouge en raison de la canicule, dont pratiquement toutes les plus grandes villes du pays (Rome, Milan, Turin...).

La plus grande association agricole italienne, Coldiretti, a estimé que ces incendies constituaient "une catastrophe énorme" pour les vignobles et les exploitations agricoles d'une région réputée pour son vin, ses abricots et ses tomates.

Une quinzième victime en Turquie

En Turquie, plusieurs foyers ont été attisés par le vent, ces dernières heures.

Le ministre de l'Agriculture a signalé la mort d'un ouvrier forestier dans l'accident de son camion-citerne dans la région d'Osmaniye (sud), portant à quinze le nombre de victimes tuées en luttant contre les feux de forêts depuis la mi-juillet.

Les pompiers luttaient contre un nouveau foyer à Canakkale (ouest), le long du détroit des Dardanelles. 

Le pays est également touché par une sécheresse persistante, qui affecte plus de 60% du pays chaque mois depuis mars et favorise la survenue d'incendies. La Turquie a connu son mois de juillet le plus chaud depuis le début des relevés météorologiques il y a 55 ans.

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