Espace : la colonisation de Mars par Elon Musk, un projet "irréalisable", affirme Marie-Ange Sanguy sur RTL

Pour Elon Musk, poser le pied sur Mars est plus qu'un rêve. Car l'homme le plus riche du monde souhaite en faire une réalité. Il prévoit un décollage de sa méga-fusée Starship vers la planète rouge dès l'an prochain. 

Mais est-ce vraiment crédible ? "Avec Elon Musk, on peut s'attendre à tout", lance, d'emblée, Marie-Ange Sanguy, rédactrice en cheffe du magazine Espace & Exploration. Mais il en est encore loin, juge-t-elle. Preuve en est avec les derniers essais, notamment avec l'IFT8 qui a connu quelques problèmes, notamment avec la partie de la fusée censée être habitée. 

Si elle juge un aller vers Mars "crédible", le voyage ne se fera "certainement pas avec des humains", assure Marie-Ange Sanguy. Car la tâche s'annonce complexe, car "il faudrait avoir la capacité de le [Starship, NDLR] remplir en orbite pour qu'il puisse partir vers Mars". Elle s'explique : "Une fois que le Starship a décollé du sol, qu'il est sur orbite, il est vide, complètement vide. Il faut à peu près une dizaine de rotations pour réussir à re-remplir les réservoirs et, qu'ensuite, il puisse partir vers quelque chose, soit la Lune, soit Mars."

D'énormes défis à relever

Ces difficultés, Elon Musk en est conscient. C'est pour cette raison qu'il souhaite envoyer, dans un premier temps, un robot humanoïde, avant d'envisager des atterrissages avec des humains, en 2029 ou en 2031. Ce qui ne convainc pas, là non plus, Marie-Ange Sanguy. "Pour l'instant, avec les compétences techniques que l'on a, il faut à peu près six mois pour se rendre sur Mars", affirme-t-elle, avant de lister le nombre de complications qui attend le milliardaire : "Il faut se protéger contre les radiations, il faut avoir de quoi se sustenter pendant six mois, c'est-à-dire avoir à manger, avoir de l'eau. Suivant le nombre d'humains, ça fait quand même beaucoup de tonnes à embarquer."

Et quand bien même Elon Musk réussirait à résoudre cette équation, d'autres difficultés arriveraient ensuite. "Puis il faut se poser sur Mars. Et après, on fait quoi ? Est-ce qu'on revient ? Est-ce qu'on les laisse, on les abandonne ?", questionne la spécialiste, qui n'est, cependant, pas étonnée de ces sorties. "Elon Musk nous a habitués, depuis de nombreuses années, à des effets d'annonce. Les dates ne sont jamais tenues", lâche-t-elle.

Elle reconnaît malgré tout les exploits réalisés par Elon Musk, comme celui de récupérer un premier étage de la méga-fusée Starship. "C'était inconcevable il y a quelques années. Et il a réussi." Elle lui laisse alors le bénéfice du doute, même si emmener un humain sur Mars lui semble "peu plausible pour ces années-là". 

Elon Musk "n'a pas de frontières"

Si le milliardaire ne cesse de lorgner sur Mars, c'est que la planète rouge est son "obsession". "La Lune, c'est juste une étape pour faire partie de la NASA, pour faire certaines choses comme Starlink ou des vols privés. Mais son obsession, c'est Mars", répète Marie-Ange Sanguy. "Il veut faire de l'humanité terrienne une humanité multiplanétaire. [...] Il veut installer des hommes et des femmes, créer une nouvelle civilisation martienne."

Une ambition "irréalisable", pour la rédactrice en cheffe. Car vivre sur Mars signifie, pour l'instant, vivre enterré en raison des "radiations et de l'absence de protection de l'atmosphère comme on peut l'avoir sur la Terre. [...] Le sol protègerait de toutes ces radiations et de tout ce qui est très désagréable pour un humain en surface. Pour l'instant, c'est très beau le projet d'Elon Musk, mais ça n'est pas réalisable", insiste-t-elle.

"Mais il se dit que, d'une manière ou d'une autre, c'est faisable. Il va essayer. Pour moi, c'est irréalisable et il a, de toute façon, des gens autour de lui qui doivent lui dire. Mais pour lui, pourquoi s'arrêter à ça ? On peut essayer et on va réussir à le faire. Il n'a pas de frontières", explique-t-elle.
Pour financer cette lubie, Elon Musk ne s'empêche pas, depuis qu'il a intégré le gouvernement Trump, de s'accaparer des budgets dédiés à la recherche spatiale. "Ce qui se passe actuellement est assez grave au niveau de la science aux États-Unis. En effet, en coupant des budgets dans la NASA, en enlevant des choses, en enlevant des personnes, je pense qu'il a dans l'objectif de récupérer une bonne partie des finances pour son projet", conclut Marie-Ange Sanguy.

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