Emmanuel Macron en Norvège : le sushi le plus consommé du monde vient du pays scandinave

Ce lundi 23 juin, Emmanuel Macron est en visite officielle en Norvège. D’ailleurs, le sushi le plus consommé au monde, y compris en France, ne vient pas du Japon, mais bien de Norvège ! 

Ce sushi, le sushi saumon, n’existait pas jusqu’au milieu des années 1980 au Japon, où on fait pourtant des sushis depuis plus de 1.000 ans. Et pour cause, au pays du Soleil levant, le saumon a une sale réputation.

Une espèce existe là-bas, mais les maîtres sushis la boudent et lui préfèrent le thon ou le maquereau. Ce saumon est jugé trop maigre, sa couleur inadéquate, et surtout, il est souvent bourré de parasites, ce qui le rend impropre à la consommation crue. Ceux qui s’y risquent le mangent cuit voire grillé, mais les Japonais l’évitent au maximum.

Le saumon a retourné l’opinion pour devenir le poisson-star des sushis grâce à Thor Listau, le ministre de la Pêche de Norvège, premier producteur de la planète, et de loin, car aujourd’hui, c’est 1,5 million de tonnes de saumon par an, soit plus de 50% du marché mondial. Sauf que dans les années 80, les Norvégiens ont pris goût à la viande rouge et délaissent le saumon. Il faut alors écouler ce surplus de poisson et Thor Listau lance le Projet Japon.

Un coup de génie

À ce moment-là, le Japon connaît le problème opposé à la Norvège : il manque de poissons dont les Nippons sont les premiers consommateurs au monde avec en moyenne 54 kilos par an et par habitant. La faute à un manque de quotas et une mauvaise gestion des stocks. Le Japon se voit contraint d’importer du poisson.

Thor Listau le sait et lance une grande opération marketing. Malin, il change le nom du saumon pour différencier son origine : le saumon japonais se dit "sake", lui appelle le sien "samon", ça sonne comme "salmon", le mot anglais, cela appuie son origine atlantique. On explique aux consommateurs japonais que le saumon norvégien arrive congelé, ce qui a pour effet de tuer toutes les éventuelles bactéries. Petit à petit, le saumon norvégien remonte, non pas le fleuve, mais la pente.

Le coup de génie définitif, c’est en 1992. Un gros distributeur japonais souhaite acheter 5.000 tonnes de saumon norvégien. Les responsables du Projet Japon acceptent de lui vendre à un prix dérisoire à une condition : que ce saumon ne serve qu’à faire des sushis.

Bingo ! Entre 1980 et 1994, l’exportation vers le Japon augmente de 250%, passant de 2.000 à 28.000 tonnes. En 2017, pour la première fois, les Japonais désignaient le saumon comme ingrédient préféré posé sur le riz vinaigré des sushis. Et ça n’a pas changé depuis. Mieux, le monde entier a suivi la tendance. Obligeant la Norvège à bâtir de nouvelles fermes d’élevage pour tripler sa production d’ici 2050.