40 ans du Studio Ghibli : comment le studio d'animation japonais est devenu incontournable (et unique)

L'histoire d'un géant du cinéma. Il y a 40 ans, le 15 juin 1985, le célèbre studio d'animation japonais, le Studio Ghibli, voyait le jour, grâce aux réalisateurs Isao Takahata, décédé en 2018, et Hayao Mizayazaki, 84 ans. Fort de deux Oscars et de plusieurs milliers de fans fidèles à travers le monde, les différents films proposés par le studio n'ont eu de cesse d'enchanter les petits et les grands.

De Nausicaä et la vallée du vent (1984) au Garçon et le Héron (2023), le dernier long-métrage en date, le studio a réussi à s'imposer à l'échelle mondiale, tout en gardant un style bien marqué, à l'instar des studios Disney, Pixar ou DreamWorks sur la même période. Au total, ce sont plus d'une vingtaine de films aux univers et visuels uniques, entièrement dessinés à la main, qui est sorti. Un style artisanal qui jure avec la 3D de l'époque ou certaines avancées technologiques.

En mars 2025, OpenAI, l'entreprise américaine, a dévoilé une mise à jour de son intelligence artificielle GPT-40, dans laquelle des images reproduisant le style Ghibli, soulevant alors des questions de propriété intellectuelle. Sam Altman, PDG d'OpenAI, avait même remplacé sa photo de profil par un portrait de lui-même dans le style "ghiblien", une technologie à laquelle Hayao Miyazaki a toujours exprimé fermement son opposition.

Un succès international

Plusieurs œuvres du studio ont remporté un large succès, notamment les films Mon Voisin Totoro (1999) dans lequel deux petites filles découvrent des créatures fantastiques vivant dans la nature et nouer avec des Totoros (créatures hybrides, proches des ours et lapins) des liens forts et le dévastateur Le Tombeau des Lucioles (1988). Le studio Ghibli a connu la consécration à la suite de la sortie commerciale de Princesse Mononoké, fresque écologique qui confronte industrie destructrice et nature habitée d'esprits, film réalisé par Miyazaki en 1997.

Le film a dépassé les frontières japonaises en attirant plus de 13 millions de spectateurs dans le monde. Et la mythologie Ghibli ne s'est pas arrêtée en si bon chemin. Un des sommets de l'animation mondiale, Le Voyage de Chihiro, sorti en 2001, finit d'asseoir la suprématie du studio. Le film raconte les aventures d'une fillette partie à la recherche de ses parents, transformés en cochons par une terrible sorcière. Chihiro, l'héroïne, découvre le monde caché des esprits et un mystérieux établissement de bains traditionnel géré par la magicienne Yubaba.

En 2003, le film a reçu l'Oscar du meilleur film d'animation, un Ours d'Or à Berlin et a réuni 1.2 million d'entrées en France. Chez Ghibli, la mécanique est souvent la même : les héros des films sont généralement des enfants dont la famille est en péril ou absente. Ces derniers se retrouvent continuellement livrés à eux-mêmes dans un univers mal connu, parfois merveilleux, souvent inquiétant, où les humains entretiennent un profond lien entre la nature et le monde des esprits.

Quel avenir pour le studio ?

Derrière le succès planétaire du studio, des questions sur le futur de celui-ci s'imposent, l'avenir de Ghibli est aujourd'hui incertain. Le Garçon et le Héron (2023) pourrait être le dernier film du maître Hayao Miyazaki. Ce dernier a annoncé à plusieurs reprises un départ à la retraite, sans jamais mettre à exécution sa volonté. La question de son successeur demeure, son fils Goro  (qui a travaillé sur les œuvres mineures du studio : Les Contes de Terremer, La Colline aux coquelicots et Aya et la Sorcière) ayant déjà décliné la proposition de reprendre le studio.

À l'automne 2023, le studio Ghibli a rejoint la Nippon Television Holdings, un groupe de télévision privé japonais, une décision du réalisateur qui incarne à lui seul le studio et du producteur Toshio Suzuki, respectivement 84 et 77 ans. Ils ne se voyaient plus continuer à la tête de l'entreprise sans soutien. Nippon TV, diffuseur habituel des Ghibli, accompagne depuis longtemps le studio d'animation. La firme est aussi cofondatrice du musée Mitaka de Tokyo, consacré à l'univers du studio d'animation.

Miyuki Yonemura, universitaire à Tokyo et spécialiste de la culture de l'animation, raconte la richesse des films Ghibli, à l'AFP. Selon la professeure, "le studio Ghibli ne sera plus jamais le même après l'arrêt de Miyazaki, à moins que des talents comparables n'émergent", explique-t-elle. Selon cette dernière, si Hayao Miyazaki et Isao Takahata ont pu créer des mondes originaux, c'est grâce à leur ouverture à d'autres cultures. Un exemple à suivre pour préparer l'avenir du studio ?

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