ÉDITO - "Service silencieux" au Japon : "La beauté du monde, c’est d’échanger", insiste Isabelle Saporta

Au Japon, les Japonais se tournent de plus en plus vers le choix du "service silencieux", que ce soit chez le coiffeur ou au restaurant. "Derrière ce silence choisi, il y a surtout un refus de prendre le risque de la rencontre avec l’autre", estime Isabelle Saporta.

Une coiffeuse (illustration).

Crédit : AFP / Philippe Huguen

JAPON - "Derrière ce silence choisi, il y a surtout un refus de prendre le risque de la rencontre avec l'autre"

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JAPON - "Derrière ce silence choisi, il y a surtout un refus de prendre le risque de la rencontre avec l'autre"

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Chez le coiffeur comme au restaurant, les Japonais demandent un "service silencieux", selon le Japan Times. L’idée lancée par les Japonais, c’est de ne plus se parler. Alors, on ne se parle plus au salon de coiffure. On coche donc l’option silencieuse lors de la prise de rendez-vous. Certaines personnes un tantinet old school peuvent opter pour une "conversation normale", ou s’ils sont d’humeur morose, une "conversation limitée".

Mais la tendance, la vraie, celle choisie par 60% de la clientèle, c’est de ne plus se parler. Dans les magasins non plus, on ne se parle plus. Pour éloigner les vendeurs un peu trop pressants, il vous suffit, à l’entrée de la boutique, de choisir un sac d’une certaine couleur, disons le rouge, qui signifie : "surtout, ne m’approchez pas".

On ne se parle plus non plus au restaurant. Les sushis arrivent sur un tapis roulant. Donc, pas de serveur. Et vous payez via votre smartphone. Donc pas de passage en caisse. Bonjour tristesse.

Derrière ce silence choisi, il y a surtout un refus de prendre le risque de la rencontre avec l’autre. Derrière ce silence choisi, se dissimule un : "Je ne veux pas d’une interaction avec quelqu’un dont je ne sais pas exactement qui il est, ce qu’il pense, d’où il vient", le refus d’une rencontre qui pourrait m’ennuyer, m’agacer, me gêner.

Sauf que la beauté du monde, c’est d’échanger. De se parler. De partager des moments de convivialité. Et même parfois de s’engueuler. C’est ça faire société.

Sinon, on va tous finir devant nos tablettes, à faire la causette avec une intelligence artificielle. Certains s’en servent déjà comme psy… Mais enfin, notre humanité va finir comme ça ? À préférer s’adresser à des algorithmes plutôt qu’à nos semblables ? Si c’est cela, on ne va pas rigoler.

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