Plus encore que certains dirigeants, les réseaux sociaux seraient-ils devenus des armes de destruction massive des démocraties ? Ce qui est sûr, c’est qu’ils jouent déjà un jeu dangereux, un jeu trouble, lors de certaines élections.
Ça a été le cas en Roumanie, en décembre dernier, lorsque la présidentielle a été annulée pour cause d’attaques hybrides agressives de la part de la Russie. En clair, Moscou avait mené une opération d’influence sur TikTok en faveur du populiste d’extrême-droite Calin Georgescu.
En février, lors de la campagne électorale en Allemagne, les services de renseignement russes ont fabriqué de fausses vidéos montrant des bulletins de vote à Leipzig, où le nom du parti d’extrême-droite AFD n’apparaissait pas. À Hambourg, d’autres fausses vidéos, relayées là encore sur les réseaux sociaux, prétendaient que des bulletins de vote étaient jetés dans une déchiqueteuse.
Actuellement en Pologne, à un mois de l’élection présidentielle, le renseignement militaire russe cherche à recruter à tout prix des agents d'influence, payés entre 3.000 et 4.000 euros pour une dizaine de jours de travail avec comme objectif de diffuser de la désinformation.
Ces opérations sur les réseaux sociaux sont parfois couplées avec d’autres attaques, en particulier des cyberattaques. Et la Pologne se retrouve encore une fois visée, à tel point que le ministre du Numérique a déclaré que Varsovie était en cyberguerre avec la Russie. Les renseignements russes cherchent à susciter la panique en s’en prenant à des services publics comme la distribution d’eau ou d’électricité. Varsovie accuse Moscou d’être derrière 60.000 attaques de diverses envergures.
Comme sur les réseaux sociaux, le but est de détruire la confiance dans la démocratie, en s’appuyant sur de faux sites d’informations ou des articles diffamatoires. Pour cela, Moscou recrute des influenceurs sur les réseaux sociaux, mais aussi des porte-paroles officiels pour amplifier les messages. Un groupe russe du nom de Storm 15-16 est en pointe pour manipuler l’information, mais aussi créer des fake news.
En Jordanie, au printemps 2021, alors que le roi Abdallah avait été critiqué par son demi-frère, le prince Hamza, pour avoir mal géré la crise du Covid dans un hôpital du royaume, des milliers de comptes en faveur de Hamza étaient alors soudainement apparus sur les réseaux sociaux.
Inquiètes, les autorités avaient sollicité un cabinet spécialisé pour détecter qui était derrière cette mystérieuse vague d’adhésions pour le prince rebelle. 43% des messages sur les réseaux sociaux étaient des faux comptes créés en Arabie saoudite. C’était l’armée électronique du prince héritier Mohammed ben Salmane qui avait artificiellement créé cette vague pro-Hamza pour gêner le voisin jordanien.
Si en 2011, les révolutions arabes avaient été favorisées par l’émergence des réseaux sociaux, aujourd’hui, c’est au tour des États de pourrir les débats, de simuler l’adhésion populaire et même de susciter des tensions entre pays : les "mouches" du web n’ont ni frontière physique ni limite éthique.
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