La figure de la Reine, qui a traversé le dernier siècle, a été un ciment pour ce qui reste de l’Empire britannique. Empire qui associe, outre le Royaume-Uni lui-même, quatorze autres états dont Elizabeth était la souveraine, comme le Canada, l’Australie ou encore la Nouvelle-Zélande. Déjà l’année dernière, la Barbade, le pays de la chanteuse Rihanna, s’était affranchie de la couronne. La Jamaïque en débat souvent, et l’Australie vient de se doter d’un "ministre de la République", chargé de réfléchir à l’évolution institutionnelle.
L’empire Britannique risque bien de rétrécir à nouveau. Lors de la dernière fête nationale australienne en janvier, qui commémore l’arrivée des premiers bagnards britanniques en 1788, des manifestations dans tout le pays ont réclamé la suppression de ce jour férié et la rupture avec Londres.
La disparition d’Elizabeth lève sans doute les dernières réticences pour franchir le pas républicain, car Charles ne bénéficie pas du tout du même prestige. Un pas symbolique, car tous ces pays sont bien sûr indépendants depuis longtemps.
L'Australie veut rompre avec la Couronne parce qu’elle se veut intégralement souveraine. De plus, l’Australie est aux prises avec son voisin géant et agressif, la Chine. Le Royaume-Uni n’a plus les moyens de lui offrir une protection militaire et stratégique, ce qui la contraint à se tourner vers les Etats-Unis
Quand Elizabeth II a accédé au trône, l’Empire était beaucoup plus grand car le début de son règne, les années 1950, a coïncidé avec la grande vague de décolonisation. Elle a présidé, si je puis dire, au départ du Pakistan, de l’Afrique du Sud, du Sri Lanka, de l’île Maurice, du Guyana, de Trinité et Tobago…
L’Inde avait rompu peu avant, en 1947. Le dernier départ en date avant la Barbade, c’était Hongkong, rétrocédé à la Chine en juillet 1997, à l’expiration du bail de 99 ans concédé aux Britanniques.
Formellement, des années 1920, justement lorsqu’Elizabeth est née, lorsqu’il concentrait un quart de la population mondiale et presque autant des terres émergées de la planète. C’est le plus grand empire jamais édifié dans l’histoire. En réalité, la première guerre mondiale avait déjà amorcé la suprématie américaine au détriment des Britanniques.
Le déclin de l’empire est en réalité celui de l’Europe, d’abord au profit des Etats-Unis puis aujourd’hui de l’Asie. Quant à l’apogée économique, il débute avant. En 1860, la moitié de la production sidérurgique mondiale provient du Royaume-Uni, tout comme la moitié l’industrie textile de la planète.
Même en 1900, la France ne compte que pour 39% de l’industrie britannique. Sans parler de la flotte militaire et commerciale anglaise, propulsée par l’innovation technologique d’alors, le moteur à vapeur. Elle pèse autant que les quatre suivantes dans le classement mondial. Cette hyperpuissance industrielle est bien sûr nourrie par les colonies, qui fournissent des légions de travailleurs et des matières premières bon marché.
Le Commonwealth, une association d’états indépendants qui entretiennent des liens culturels et commerciaux privilégiés, présidée par la souveraine, qui avait ce rôle à cœur. 56 états, dont la quasi-totalité sont les vestiges de l’Empire. Le Commonwealth a en fait servi d’amortisseur au gigantesque mouvement de décolonisation. La mort d’Elizabeth II est une nouvelle étape de cette "désoccidentalisation" du monde, puisque la souveraine aura été la dernière occidentale à avoir régné sur tous les continents.
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