Chaque année, les hospices de Beaune, domaine prestigieux de vins de Bourgogne, figurent parmi les plus chers du monde. Une vente aux enchères de sa production a été organisée. Et cette année, les prix ont littéralement explosé, atteignant 12 millions d’euros au total, soit plus 115% par rapport à l’année dernière pour les vins blancs et plus 56% pour les rouges, soit plus 85% en moyenne.
Le fût le plus prestigieux, la pièce des présidents, a été adjugé 800.000 euros. Une pièce, c’est 220 litres, soit 290 bouteilles. Au même moment, on apprenait que les rachats d’actions à Wall Street allaient cette année dépasser 1.000 milliards de dollars, 800 milliards d’euros. Là encore, c’est un record.
Les grandes entreprises américaines et mondiales d’ailleurs, gagnent tellement d’argent avec la reprise qu’elles estiment ne plus avoir assez de projets d’investissements rentables pour utiliser leur cash. Elles rachètent donc leurs propres actions, à la bourse, ce qui a pour effet de faire monter le cours, et donc d’enrichir ceux qui détiennent déjà des actions, les actionnaires, en plus du dividende.
D’enrichir les actionnaires, mais aussi les dirigeants de ces entreprises, qui en général possèdent aussi une partie du capital de l’entreprise. C’est probablement la façon la plus stupide et la plus improductive d’utiliser l’argent, dans le capitalisme moderne.
L’explosion des prix du vin de luxe et le torrent d’investissement déversé sur la bourse sont deux conséquences lointaines de la même cause, la création massive d’argent par les banques centrales du monde entier, pour soutenir l’économie face à la pandémie.
Aux États-Unis, en Chine, dans la zone euro, au Japon, on fait marcher la planche à billets à fond. Cet argent se déverse dans l’économie, sous la forme de prêt à taux zéro ou presque, de dépenses publiques, d’achat d’actions, de tableaux, d’immobilier. Du coup tous les prix flambent.
C’est là encore une conséquence de la même cause. Au second trimestre 2021, les prix dans la zone euro avaient progressé de 7,3% sur un an, la plus forte hausse depuis 2005. Je pourrais aussi vous parler des ventes aux enchères de ces derniers jours à New-York, le marché de l’art est un excellent thermomètre de la frénésie spéculative. Sotheby’s, une maison d’enchère réputée, qui appartient au français Patrick Drahi, a réalisé ses meilleures ventes historiques, un milliard trois.
Record pour un tableau de Jackson Pollock, 53 millions, de Frieda Kahlo, 35 millions. Partout, les valeurs sont soufflées par l’excès de cash qui ruisselle, l’expression est impropre, car cet argent ne percole justement pas partout, il reste pour beaucoup dans la valeur des actifs.
Mais cela veut dire que tout le monde n’en profite pas. Ou, pour être plus précis, les classes moyennes et pauvres en profitent sous la forme d’emplois créés ou maintenus malgré le virus, alors que les riches voient leur patrimoine exploser en valeur. Ces politiques monétaires, si elles ont incontestablement sauvé l’économie mondiale, ont considérablement élargi le fossé entre les propriétaires de capital, action, immobilier, tableaux, et les autres.
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