ÉDITO - Guerre en Ukraine : "Ce n’est pas un plan de paix, c’est un plan de capitulation", estime Étienne Gernelle

Donald Trump a annoncé dans la nuit du 23 au 24 avril avoir trouvé un accord avec Vladimir Poutine, il n'y a aucun doute, dans cette guerre en Ukraine, le président américain a choisi son camp !

Vladimir Poutine a un nouveau porte-parole qui s’appelle Donald Trump. Il faut bien réaliser en quoi consiste le plan de paix qui ressort des déclarations du vice-président américain JD Vance, en voyage en Inde, et de Donald Trump. 

Premièrement, la ligne de front est gelée, avec quelques ajustements réciproques, ce qui fait que la Russie aura le contrôle sur les quatre régions qu’elle revendique. Deuxièmement, l’Ukraine reconnaît l’annexion de la Crimée par la Russie. Enfin, l’Ukraine s’engage à ne pas entrer dans l’Otan.

Voilà à peu de choses près ce que demande officiellement Poutine, à un seul détail près : le départ de Volodymyr Zelensky.

Comment réagiraient les États-Unis en cas de refus de l'Ukraine ?

À lire aussi

international

"Une stratégie de la tension" : pourquoi Donald Trump a-t-il haussé le ton face à la Russie de Vladimir Poutine ?

Ce n’est pas un plan de paix, c’est un plan de capitulation. Si l’Ukraine refuse, la Maison-Blanche, affirme même qu’elle "jetterait l’éponge". Si le président Ukrainien refuse ce plan, l'Amérique se désengagerait du processus de paix, bien sûr, mais la menace directe, derrière, c’est qu’elle arrêterait le soutien militaire à l’Ukraine. Sur le terrain, malgré la montée en puissance des Européens, cela change beaucoup de choses.

"Il peut avoir la paix, ou combattre trois ans de plus avant de perdre le pays entier", affirmait Donald Trump le mercredi 3 avril en parlant du président ukrainien. L’alternative posée par Donald Trump est la suivante : pile Vladimir Poutine gagne, face Volodymyr Zelensky perd. C’est à peine croyable, et c’est pour tout dire répugnant.

Pourquoi ce plan marque un tournant dans la guerre en Ukraine ?

Si Donald Trump a déjà montré qu’il était conciliant avec le Kremlin et hostile avec Kiev, c’est la première fois qu’il esquisse un plan de paix, et son contenu, est un tournant. Le 28 juillet 2018, l’administration Trump, avait publié par l’intermédiaire du secrétaire d’État d’alors, Mike Pompeo, ce qu’elle appelait la "déclaration de Crimée".

Elle y affirmait solennellement que "les États-Unis ne reconnaissent pas et ne reconnaitront pas l’annexion de la Crimée". Ce reniement assumé est un tournant, vis-à-vis de l’Ukraine, mais aussi du droit international, dont la valeur est par cette occasion réduite à zéro. On peut dire que Donald Trump est définitivement passé du côté sombre de l’Histoire.