ÉDITO - Droits de douane : pour Donald Trump, la situation "crédibilise son chantage à la négociation", explique François Lenglet

Ce sont des chiffres alarmants, moins 11% à la bourse à Hong Kong, moins 7% à Tokyo. Clairement les bourses continuent de plonger cinq jours maintenant après les annonces de Donald Trump sur les droits de douane. 

Les marchés financiers ne vont pas finir par faire plier Donald Trump ? Pour l’instant, non, parce que ça crédibilise son chantage à la négociation. Ça dramatise, ça prépare les esprits sur le changement de monde : l’Amérique ne se laissera plus faire.

Mais, si ça dégringolait davantage, la bourse va enclencher de puissantes forces qui obligeront peut-être Trump à reconsidérer sa position. D'ailleurs, quelles sont ces forces ? Il y en a deux, l’opinion publique d’abord, beaucoup plus attentive à la bourse que chez nous.

En quoi les décisions de Trump pénalisent les grandes entreprises ?

 Prés de 55% des ménages US détiennent des actions, contre 13 % seulement chez nous ; l’épargne retraite notamment est largement investie en bourse, avec des plans spécifiques. Si les actions s’effondrent, ça fait baisser fortement le patrimoine des ménages. Ils sont donc mécontents, et le disent dans les sondages, et Trump y porte une attention soutenue

L’autre force, ce sont les grandes entreprises, particulièrement celles de la tech, qui ont perdu plusieurs milliers de milliards de valorisation la semaine dernière.

Pourtant, ces entreprises, Tesla, Facebook et autres Apple, sont plutôt proches de Trump. Leurs patrons ont en effet fait une allégeance presque humiliante au nouveau président. Mais le sont-elles toujours, après la déroute boursière ? Après ces droits de douane qui bouleversent leurs business ?

Prenons l’exemple d’Apple. Pendant des années, on lui a dit : ne faites plus tout fabriquer en Chine, c’est l’ennemi. Apple a donc développé des usines en Inde et au Vietnam, pour fabriquer ses Iphones et des Ipads. Mais boom, voilà la production au Vietnam frappée d’une taxe de 46% !

Le prix d’un iPad Pro, le haut de gamme, aux États-Unis, pourrait augmenter de plusieurs centaines de dollars ;
C’est pour cela qu’Apple a perdu 500 milliards en bourse la semaine dernière.

Donald Trump pourrait-il faire marche arrière ?

Si l’opinion publique se retourne, le Parti républicain, celui de Trump, va aussi se retourner, car ses élus veulent gagner les prochaines élections, dans dix-huit mois.

Ça commencerait à faire beaucoup… Et ça changerait le climat politique. L’issue la plus probable, ce sont des négociations bilatérales entre Washington et chacun de ses partenaires, où les Américains vont tenter d’obtenir des concessions en contrepartie de la diminution, pas la disparition, des tarifs douaniers.

Selon l’administration, une cinquantaine de pays ont déjà ouvert des négociations avec Washington.

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