ÉDITO - Face à Donald Trump, la Chine veut créer un "ordre international, comme les États-Unis d’avant", dit Lenglet

Et si la Chine était la grande gagnante du mandat Trump, alors que la nouvelle administration veut au contraire l’affaiblir de façon à maintenir la suprématie américaine ?

C'est une question encore plus justifiée par l’actualité. D’un côté du Pacifique, aux États-Unis, Trump bombarde le monde entier de droits de douane stupides, de lettres comminatoires sur la politique RH des entreprises, et s’aliène ses propres alliés, l’Europe notamment. De l’autre, en Chine, on joue au contraire la puissance raisonnable, attachée à un ordre mondial. Quel contraste !

Pas plus tard qu’il y a deux jours, elle signait un accord commercial de principe avec ses deux voisins, la Corée du Sud et le Japon, pour développer le libre-échange, c'est-à-dire supprimer les droits de douane sur le commerce entre les deux pays.

Une nouvelle image mise en avant par la Chine

C'est tout le contraire de Trump. Une phrase du communiqué officiel accompagnant cette décision, mérite d’être lue en détail : les signataires disent vouloir "favoriser un environnement prévisible pour le commerce et l'investissement, libre, ouvert, équitable, non discriminatoire, transparent, inclusif". 

Chaque mot est une critique de la nouvelle administration et de sa politique. Récemment, la Chine avait aussi étendu un autre accord de libre-échange, en y associant la Nouvelle-Zélande et surtout l’Australie, avec laquelle elle s’est réconciliée.

Mais la Chine, alliée des Russes, est-elle crédible dans ce rôle de la  "gentille superpuissance" ?

Il y a quelques mois, je vous aurais dit qu’elle est aussi crédible que le loup déguisé en grand-mère dans le Petit Chaperon Rouge.

La situation a complètement changé, avec un Trump prédateur et brutal, beaucoup plus antipathique que les dirigeants chinois, qui va s’aliéner bon nombre de pays.

Quelle est la véritable stratégie de la Chine ?

Trump est en train de détruire méthodiquement le soft power que son pays avait mis cent ans à construire. C’est l’occasion pour la Chine d’étendre ses alliances, de les diversifier. En Europe notamment.

Qu’est-ce qu’elle peut défendre ? Eh bien un ordre international, comme les États-Unis d’avant, avec des règles claires, face à une Amérique agressive et égocentrique. Et c’est particulièrement vrai sur deux domaines.

Déjà, le commerce international. Pékin veut conserver des échanges mondiaux développés, et pour cause, la Chine en bénéficie largement, plus de 1000 milliards d’excédents. Les Chinois veulent donc rénover l’Organisation mondiale du commerce, l’OMC, qui réglait les querelles commerciales.

Ensuite, il y a la lutte contre le réchauffement et la décarbonation, bien sûr. La Chine est le leader mondial des renouvelables et de la voiture électrique. Là encore, contraste avec Trump, qui nie le changement climatique.
La Chine verrait en fait son influence augmenter grâce à Trump, ce serait tout à fait vraisemblable. Néanmoins, il y a une condition, c’est que le pays ne profite pas du bazar actuel pour envahir Taïwan et l’annexer, comme la Russie l’a fait avec l’Ukraine.

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