ÉDITO - Allemagne : pourquoi le probable futur chancelier veut donner de l'argent de poche mensuel aux plus jeunes

L'idée qui étonne. Selon l'agence Bloomberg, Friedrich Merz, le patron des chrétiens démocrates qui est le grand parti de droite en Allemagne, souhaite donner à tous les enfants allemands ayant entre 6 et 18 ans, 10 euros par mois investis en actions sur un compte-titres personnel.

L'État fédéral allemand financerait cette somme avec l'objectif d'instiller la culture de l'investissement chez les enfants dès leur plus jeune âge. Cela coûterait donc 1.560 euros par enfant, sur toute la période 6-18 ans. Au total, pour tous les enfants, une fois que le plan aurait atteint son rythme de croisière, le montant s'élèverait à 1,5 milliard d'euros par an.

Le coût est élevé, mais pour Friedrich Merz cela reviendrait moins cher que de financer un système d'entraide déficitaire à cause de la diminution de la population active. S'il n'y a pas de quoi financer une retraite avec ces 1.560 euros, en prenant le taux moyen de rémunération des actions sur les dernières décennies, cet argent est multiplié par 10 sur la période. L'idée aussi, c'est d'encourager les parents à abonder l'épargne de leurs enfants et surtout d'encourager les jeunes à poursuivre leurs investissements dès le début de leur vie active.

Comment cela fonctionnerait ?

L'argent serait géré par défaut de façon prudente, avec une sorte de fonds d'investissement qui seraient créés pour l'occasion, avec la possibilité pour les jeunes ou les parents de modifier le degré de risque. Puis, l'épargne serait irrévocablement bloquée jusqu'à l'âge de retraite du titulaire, c'est-à-dire 67 ans en Allemagne. Il y a des systèmes voisins qui existent déjà en Israël, aux États-Unis et au Royaume-Uni, mais sur une base plus réduite.

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Pour l'instant, les Allemands n'ont pas cette culture de l'investissement en bourse. Le tiers de leur épargne est investi en liquidité ou sur des comptes à terme, c'est donc complètement improductif. Par ailleurs, seul 17% de la population détient des actions, comme c'est le cas en France. Avec un système de retraite par répartition, les ménages ont le sentiment qu'ils n'ont pas besoin d'investir à long terme sur les marchés financiers.

Cette idée de Friedrich Merz est géniale. C'est l'autre réforme des retraites, celle qui devrait, qui pourrait accompagner notre laborieuse réforme à nous. La difficulté en France, ce serait d'impliquer les enseignants dans l'affaire, de façon à ce qu'ils puissent faire la pédagogie. Il faudrait peut-être envoyer les responsables syndicaux de l'Éducation nationale en stage chez Goldman Sachs.