Le plus frappant finalement, c’est ce que Donald Trump n’aura pas dit cette nuit lors de cette allocution télévisée. Il n’a pas déclenché ce qu’on appelle "l’urgence nationale", c’est à dire une procédure qui débloque des fonds de réserve militaire, comme après le 11 septembre ou en cas d’épidémie.
Il ne l’a pas fait, alors qu’il en parlait dans ses tweets, car ses collaborateurs lui ont expliqué qu’il y aurait immédiatement des recours en justice. Donc il devait prouver que l’arrivée des immigrants mettait en danger la sécurité nationale des États-Unis et qu’un mur permettrait de répondre à cette "urgence nationale".
Donald Trump est convaincu de ces deux points, évidemment, ses électeurs aussi, mais les juristes de la Maison Blanche savent que ce serait difficile à prouver factuellement devant une Cour.
Son message était donc d’abord politique. Prendre l’Amérique à témoin, expliquer que ce sont les démocrates qui font de l’obstruction et sont responsables de la paralysie partielle de l’administration fédérale. Depuis 18 jours, 800.000 agents ne sont plus payés.
Le président américain dit qu’il veut surtout une "barrière physique", qu’il est prêt à ce qu’elle soit en acier et pas en béton. Mais il continue à parler de mur. Même s’il n’a pas repris tous les mensonges grossiers qu’il a répétés ces dernières semaines, que même Fox News a démonté, il y avait des choses fausses.
Par
exemple, il explique que le mur est nécessaire car beaucoup d’Américains meurent
d’overdose. Mais l’essentiel de la drogue est cachée dans des camions de
commerce, qui passent la frontière légalement sur des routes contrôlées. Il
a cité plusieurs exemples de crimes commis par des immigrants. Mais les
chiffres de la police montrent que le taux de criminalité chez les migrants est
nettement plus faible que chez les Américains.
Il répète que le Mexique paiera indirectement pour le mur, mais rien ne permet de le dire. Le Président dit que cela représentera plus d’emplois. Pourtant aujourd’hui, comme on est ici dans le plein emploi, beaucoup d’entreprises, et notamment d’exploitations agricoles, ont un mal fou à trouver des salariés au salaire minimum et demandent qu’il y ait plus de migrants.
Il
dit aussi que les migrants passent la frontière et disparaissent dans la
nature. Or, la plupart se rendent volontairement aux patrouilles américaines
pour déposer une demande d’asile. C’est d’ailleurs pour cela qu’il y a une
situation humanitaire difficile à gérer, et que lui en conclut qu’il y a une
"crise". Même si quand on regarde les chiffres, il y a beaucoup
moins de passages à la frontière que dans les années 90 ou 2000.
Assis
à son bureau, très solennel, beaucoup plus "présidentiel" qu’il ne
l’est généralement, pas d’improvisation, mais il n’est pas à l’aise avec un
prompteur, en tout cas il est beaucoup plus percutant quand il improvise, en
meeting, et qu’il parle du mur.
Et
quand on écoute les réponses des démocrates qui lui reprochent d’alimenter les
peurs, de prendre les Américains en otages, on comprend qu’on ne se rapproche
pas d’un compromis : on s’en éloigne.
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