La Manche a été le théâtre d'un nouveau drame. Dans la nuit du samedi 14 au dimanche 15 septembre, huit migrants ont trouvé la mort après le naufrage de leur embarcation. Un scénario tragique mais malheureusement habituel. Celui-ci intervient deux semaines après le pire naufrage de l'année dans cette région : il avait fait douze morts le 3 septembre.
2024 est de loin l'année la plus meurtrière depuis le début du phénomène des bateaux de fortune pour traverser la Manche en 2018. Et les tentatives de traversées se sont multipliées ces trois derniers jours en raison de la météo favorable. Entre vendredi et samedi, "200 naufragés ont été secourus". Certains par des pêcheurs.
Jonathan Delsart, basé à Boulogne-sur-Mer, est l'un d'entre eux. Cette nuit, alors qu'il travaillait sur ses casiers, il a pu sauver 27 personnes, dont quatre enfants. "On a reçu un appel de détresse disant qu'il y avait une embarcation de migrants en difficulté. Donc on a pris la route directement et j'ai vu un Zodiac qui était replié sur lui-même", explique-t-il.
Il a alors vu des personnes "plus ou moins écrasées" par le bateau, d'autres "à moitié dans l'eau" qui se tenaient au Zodiac avec ce qui n'était pas encore immergé. "C'était une scène de carnage pendant quinze minutes. [...] C'est de la survie. Ils se bousculent les uns les autres. Les femmes, les enfants d'abord, ça n'existe pas ", raconte-t-il.
Mais à son arrivée, les migrants paniquent. "Certains sont tombés dans l'eau, on a dû les récupérer in extremis car certains ne savaient pas nager. Il y a un père de famille qui est tombé avec son gamin dans les bras. Ils sont descendus au moins jusqu'à un mètre de profondeur. Quand ils sont remontés, on a eu de la chance qu'ils soient à proximité, j'ai pu tirer le fils par le dos et remonter les deux", poursuit-il. Au total, il met quinze minutes pour embarquer 27 personnes sur son bateau.
Jonathan Delsart pointe alors un problème : le manque de gilets de sauvetage. "Sur 60, 70 personnes, il y avait peut-être que 20 qui avaient un gilet de sauvetage." Mais avant de partir, il jette un dernier regarde vers l'embarcation : "On espère qu'on n'oublie personne, qu'il n'y a personne de bloqué."
Il échange alors brièvement avec un Syrien, accompagné de son fils de 7 ans, qui lui dit qu'il veut partir absolument. Il lui demande même de l'aider à traverser. "C'est impossible", souffle-t-il. "Il me disait que, de toute façon, sa vie était tellement pourrie qu'il mettrait sa vie en danger, qu'il continuerait d'essayer de passer. Il m'a dit qu'il fera tout ce qu'il peut pour y aller, même si ça peut lui coûter la vie."
Cela fait 4 ou 5 ans que Jonathan Delsart a vu le nombre de tentatives de traversée exploser. Il dit ne pas comprendre "pourquoi ils ne sont pas équipés comme il faut", mais souhaite poser la question pour comprendre "pourquoi on ne les laisse pas passer".
Il cible alors les autorités. "Il faut que les autorités arrêtent de saisir leurs gilets de sauvetage. Qu'ils saisissent les bateaux ou les jerricanes d'essence, mais pas les gilets de sauvetage. C'est leur propre survie, c'est la seule sécurité qu'ils ont lorsqu'ils prennent la mer. C'est ce que je demande", assure le pêcheur. "De toute manière, ils vont passer, que ce soit à Boulogne, Calais ou Dunkerque. On ne peut pas laisser des gens mourir", conclut Jonathan Delsart.
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