Le naufrage d'une embarcation clandestine surchargée qui venait de quitter les côtes françaises pour l'Angleterre a fait huit morts dimanche au niveau d'Ambleteuse (Pas-de-Calais), a indiqué une source policière à nos confrères de l'AFP. L'embarcation a chaviré en début de nuit, alors qu'elle était encore à proximité immédiate de la terre, a précisé une source au sein des secours. Le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant, s'est rendu sur place.
Les victimes de ce drame sont des "hommes manifestement majeurs [..] originaires d'Érythrée, du Soudan, de Syrie, d'Afghanistan, d'Égypte et d'Iran", a déclaré Jacques Billant, préfet du Pas-de-Calais. Six autres personnes ont été hospitalisées en urgence relative, dont un nourrisson de dix mois en hypothermie, a-t-il ajouté.
L'embarcation clandestine comptait près de 60 passagers et "seule une personne sur six était équipée d'un gilet de sauvetage", a précisé le préfet. Parti depuis "le secteur de la Slack", fleuve côtier dont l'embouchure est située entre Wimereux et Ambleteuse, le bateau est "venu s'échouer" sur une pointe rocheuse et "s'est manifestement déchiré sur les rochers", a expliqué le préfet.
Le parquet de Boulogne-sur-Mer a ouvert une enquête pour "aide à l'entrée et au séjour d'étrangers en situation irrégulière en bande organisée, avec la circonstance aggravante de mise en danger de la vie d'autrui", a indiqué Patrick Leleu, procureur adjoint. Aucune interpellation n'avait eu lieu dimanche en milieu de matinée, a-t-il indiqué à la presse aux côtés du préfet.
"C'est horrible. C'est une nouvelle perte de vie", a réagi David Lammy, chef de la diplomatie britannique, auprès de la BBC. "Les États français et britannique doivent repenser leur politique migratoire immédiatement", a réclamé sur X, l'Auberge des migrants, une association d'aide aux exilés, qualifiant la Manche de "frontière meurtrière".
À Ambleteuse, après le naufrage de la nuit, un second départ a eu lieu vers 7 h 30 dimanche, a rapporté Christel Leclair, bénévole dans une association locale. Les départs, "c'est tout le temps, hiver, jour, nuit, été", [...] dès que la mer est calme", a-t-elle noté. "Les embarcations sont de plus en plus chargées, ils n'ont pas de gilet de sauvetage, éventuellement une chambre à air, il y a des enfants, des femmes enceintes, des nourrissons", a-t-elle déploré. "On est tristes, démunis."
Ce drame est survenu moins de deux semaines après le pire naufrage de l'année dans cette région, qui avait fait douze morts le 3 septembre. Il porte à 46 le nombre de décès dans de telles traversées clandestines depuis janvier. 2024 est de loin l'année la plus meurtrière depuis le début du phénomène des bateaux de fortune pour traverser la Manche en 2018.
À la faveur d'une fenêtre météo favorable, de nombreuses tentatives de traversée ont eu lieu ces derniers jours. En 24 heures, entre vendredi et samedi, "200 naufragés ont été
secourus", avait signalé samedi soir la préfecture maritime de la Manche
et de la mer du Nord. Sur l'ensemble de la journée, "18 tentatives de départs d'embarcations ont été suivies" par le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage du cap Gris-Nez, a-t-elle précisé.
Ces tentatives de traversée s'effectuent dans des conditions particulièrement périlleuses, sur des bateaux de fortune. Lors du naufrage du 3 septembre, "moins de huit personnes avaient un gilet de sauvetage fourni par les passeurs", avait déploré Gérald Darmanin, ministre démissionnaire de l'Intérieur, qui s'était rendu sur le lieu du naufrage à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Il avait appelé à la signature d'un "traité migratoire entre la Grande-Bretagne et l'Union européenne" pour tenter de mettre un terme aux départs clandestins.
Faute de voies de passage légales suffisantes, "les gens continuent et continueront à prendre les mêmes risques, peu importe la quantité de contrôles et de moyens déployés à la frontière", a réagi Charlotte Kwantes, coordinatrice nationale d'Utopia 56, une autre association d'aide aux migrants. "Les passeurs ne font que profiter et abuser d'un système qui leur laisse toute la place".
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