Dans la ville martyre de Boutcha au nord de Kiev, l’école numéro 3 a rouvert en septembre pour une partie des élèves et mi-janvier 2023 pour une autre partie. Depuis, un semblant de normalité a
repris.
Dans cette salle de classe rénovée, c’est cours de
géographie ce matin. Macha, 13 ans, note le nom des différents vents qui
existent en Amérique du nord. Cela fait seulement 1 mois qu’elle a pu retourner
dans son établissement. "Je suis
heureuse car c’est une vie normale d’aller à l’école. Je suis contente d’avoir
retrouvé mes amis, mes professeurs. Et de voir qu’ils sont en vie. Ce qui
change c’est que maintenant je comprends à quel point il est important que j’aie
cette vie normale".
Chaque élève a une histoire particulière. Il y a ceux qui ont pu fuir la ville, ceux qui ont dû rester. Nestor, par exemple, a passé plusieurs mois au Danemark mais il reste marqué par sa fuite de Boutcha quelques jours après l’invasion.
"Depuis mon balcon, je
pouvais voir les tanks russes. Je les voyais tirer. On ne pouvait pas utiliser
nos téléphones car il n’y avait plus de réseau. On a essayé de fuir une
première fois, mais les Russes nous ont bloqué. Il y avait des cadavres dans
les rues, pleins de voitures abandonnées. Finalement, on a réussi à rejoindre des
soldats ukrainiens à Irpin. Puis, on est parti à Lviv et après le Danemark."
Sur le bureau de la professeure, un ordinateur est branché
pour les écoliers qui sont encore à distance. Certains sont toujours à
l’étranger, d’autres ont peur de sortir de chez eux. 30% des élèves étudient
encore à distance.
Tania Rabatchouk, leur professeure s’est donnée une mission : leur redonner goût à la vie et aux études. "On s’oblige à
être de bonne humeur, à afficher un sourire sans faille. On change d’activités
souvent pour les occuper. Si ça ne va pas, on sort dehors prendre l’air, on
cherche des astuces pour que tout le monde reste calme. Parce que ce sont ces enfants
qui sont l’avenir de notre pays. Ils doivent être heureux et instruits".
Si cette école a pu rouvrir c’est parce qu’il y a un abri antiaérien. Un immense sous-sol a été rénové et aménagé avec l’aide
de l’UNICEF et l'ONG française Bibliothèques sans Frontières a fourni des kits pédagogiques et des box internet. Sur les murs des dessins d’enfants et des couleurs, il y a
plusieurs salles de classe, des lits, une salle de cinéma.
Cet endroit est utilisé quotidiennement, même plusieurs fois par jour comme le raconte Olha, la professeure d’anglais : "Ce matin, au début de la deuxième heure de cours, il y a eu une sirène, à cause d’un hélicoptère au-dessus de la ville. On est tous descendus ici dans le bunker et on y est resté deux heures. Certains élèves ont joué, d’autres ont travaillé. C’était difficile au début, on avait peur que les enfants qui avaient subi l’occupation russe soient traumatisés de retourner en sous-sol. Mais je dois avouer qu’avec leurs camarades et les professeurs, l’effet de groupe fait que ça se passe bien".
Il n’y a en présentiel jamais plus d’enfants que le bunker
peut accueillir, soit environ 500 places.
Pour pouvoir rouvrir, l'école numéro 3 a dû être reconstruite car les
Russes s’en sont servi de centre de commandement tout le mois de mars 2022. Quand les
professeurs sont revenus dans l’école le 14 mai dernier, ils n'ont pu que constater les dégâts. "Ils ont pris
tous les ordinateurs, les télévisions", raconte Olha, "ils ont même joué au basket avec le
matériel informatique. Ils ont à peu près tout cassé ou volé".
Grâce à des dons étrangers, une partie du bâtiment a pu être
rénovée. Mais ce semblant de normalité retrouvée ne suffit pas à laisser la
guerre à la porte de l’école. Comme l’explique Olha, la prof d’anglais : "On parle de
tout ça, de tout ce qui s’est passé. On leur explique quoi faire s’ils trouvent
une mine, quoi faire si la situation se dégrade à nouveau. On parle de ça tout
le temps".
Olha l’avoue : beaucoup d’enfants auraient besoin d’être suivis
psychologiquement. Mais pour l’instant, aucun programme pour les aider n’a pu encore voir le jour.
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