3 min de lecture
Un fan tient un drapeau à l'effigie de Diego Maradona devant le tribunal de San Isidro avant le procès pour la mort de la légende du football argentin à San Isidro, le 11 mars 2025.
Crédit : Luis ROBAYO / AFP
Je m'abonne à la newsletter « Infos »
On pensait avoir tout vu, tout lu sur Diego Maradona : le meilleur et le pire, Dieu et ses démons, les frasques, les amitiés douteuses, la déchéance morale et physique. Mais on n'avait pas tout vu, et on découvre maintenant le détail de son calvaire.
Le 11 mars à San Isidro, dans la banlieue de Buenos Aires, le procureur s'est levé, micro en main face aux juges, et il a brandi une photo de Diego Maradona, quelques minutes après sa mort, le ventre atrocement gonflé, gisant sur son lit, dans une maison qui n’était pas une clinique, dans une pièce qui n’était pas une chambre d’hôpital.
"Así murió Maradona!" "Regardez, comment Maradona est mort", a lancé le procureur, cité par le quotidien argentin Pagina 12. Certains affirment qu'ils n'ont pas remarqué ce qui arrivait à Diego Maradona et sont fortement soupçonnés de mentir.
Sur le côté de la salle, les larmes roulent sur les joues des filles de la star. Diego Maradona aurait dû être surveillé 24 heures sur 24. Il aurait dû être stabilisé dans une clinique et être soigné par des spécialistes capables de gérer ce corps usé jusqu’à l’os, ce cœur prêt à lâcher, ce foie en lambeaux.
À la place, on lui a offert une convalescence de pacotille, "une hospitalisation à domicile totalement déficiente et imprudente", accuse le parquet.
Sept professionnels de santé sont jugés. Sur le banc des accusés, on retrouve un neurochirurgien, un psychiatre, des infirmiers, un médecin coordinateur et une série de défaillances. Aucune machine pour surveiller les constantes vitales de Maradona ni aucune infirmière présente en continu à son chevet.
C'est une absence totale de protocole en cas d’urgence et pourtant, les signaux d’alerte étaient clairs. Maradona, qui venait d'être opéré d'un hématome à l'intérieur du crâne, a agonisé pendant 12 heures sans surveillance. La nuit précédant sa mort en novembre 2020, personne ne vérifie son état. Il fallait agir, mais personne ne l’a fait.
Ses soignants ont davantage pensé à se protéger qu’à le sauver. Son neurochirurgien, au centre des accusations, écrit quelques jours avant la mort du champion que "s’il meurt, ils vont tous me sauter à la gorge. Comment je peux me couvrir légalement ? »
Les accusés risquent huit à vingt-cinq ans de prison. Mais au-delà de la justice, c’est tout un pays qui se confronte à nouveau à son propre rapport à Maradona. Depuis le 22 juin 1986, et cette "main de Dieu" contre l’Angleterre, l’Argentine l'a adoré, sanctifié, mais aussi regardé méthodiquement se détruire.
Diego Maradona aura pris toutes les drogues, vécu tous les excès. On l’a vu grandir, briller, chuter, se relever, replonger, mais on ne pensait pas un jour le voir mourir. Alors ce procès est une thérapie nationale. C’est une manière pour l’Argentine de chercher un coupable à une perte qui, même quatre ans après, semble toujours inacceptable. Le journaliste argentin Andrés Burgo le résume ainsi : "Dieu est mort ? Quelqu’un doit payer".
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte