C'est le dernier diner d'Angela Merkel à l'Elysée. Au pouvoir depuis 16 ans, la chancelière allemande quittera ses fonctions, normalement après les législatives du 26 septembre. Depuis son accession au pouvoir en 2005, Angela Merkel aura connu les quatre derniers présidents de la République français et façonné avec chacun le fameux couple franco-allemand.
Avec son dernier homologue en date, la relation n'avait d'ailleurs pas commencé sous les meilleurs auspices. Au départ, en 2017, difficile en effet de trouver beaucoup de points communs entre une chancelière de 67 ans, élevée à l'école de la prudence, et un jeune président de 40 ans qui a érigé l'audace et le mouvement en marqueurs politiques.
"Angela Merkel a connu quatre présidents français et a commencé comme chancelière en 2005, alors qu'Emmanuel Macron était encore inspecteur des Finances, c'est une énorme différence en termes d'expérience politique. Malgré cela, cette coopération a bien fonctionné", analyse Pawel Tokarski, de la Fondation Sciences et Politique (SWP) à Berlin.
Au fil du temps, les deux dirigeants ont réussi, selon de nombreux témoins, à bâtir une solide relation de confiance. À peine élu, Emmanuel Macron s'est montré décidé à faire revenir le déficit français sous les 3% du PIB et à réformer le droit du travail en France, des demandes récurrentes de l'Allemagne. Par ces gestes de bonne volonté, il espérait rallier la Chancelière à ses projets de réforme de l'Europe, comme la mise en place d'une défense européenne ou le lancement de grands investissements.
Même s'il s'est longtemps heurté aux réticences allemandes envers la hausse des dépenses de l'UE, le président français a aussi obtenu son soutien sur certains projets et surtout sur la nomination d'Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne et de Christine Lagarde à la BCE. Face au Covid, les deux dirigeants ont su resserrer leur liens pour conclure une alliance aboutissant en mai 2020 à la proposition d'un plan de relance européen de 750 milliards d'euros.
L'invitation d'Angela Merkel à Paris met en ce sens une dernière fois en lumière la relation personnelle et de travail avec Emmanuel Macron. Une relation personnelle entretenue avec chaque président français depuis Jacques Chirac, il y a 16 ans.
Quand Merkel arrive au pouvoir en 2005, le couple franco-allemand, au même titre que la construction européenne, a du plomb dans l'aile. Le "non" français au référendum
sur la Constitution européenne a donné un "sérieux coup d’arrêt à une nouvelle période d’impulsion franco-allemande", rappelle le site touteleurope.eu. Pourtant, aussitôt élue, le 22 novembre, la chancelière de 51 ans n'attend pas une journée pour se rendre à Paris et venir saluer Jacques Chirac.
D'après le livre de Marion Van Renterghem C’était Merkel (Arènes), elle aurait ainsi eu un "faible" pour ce président français, avec qui elle partageait le goût de la table et un certain sens de l’Histoire. Mais cette relation amicale, de trop courte durée, n'aura pas le temps de prospérer : 18 mois plus tard, un nouvel occupant arrive à l'Elysée.
En mai 2007, la discrète Angela Merkel débute alors sa première relation franco-allemande avec le tonitruant Nicolas Sarkozy. De quoi créer a priori des étincelles, malgré leur convictions politiques proches. “Elle pense, moi j’agis”, dira dans un premier temps le président français, avant que la crise économique et financière de 2008 ne les rapproche. Le couple franco-allemand prend alors le surnom de "Merkozy".
Toutefois, "entre eux, les discussions sont musclées", selon le site Toute l'Europe, "le Français cherchant à assouplir les positions allemandes, intransigeantes vis-à-vis des pays aux niveaux de dette les plus élevés". Des accords, dont le Pacte budgétaire européen qui entrera en vigueur dans les années suivantes, finiront pas être trouvés.
C'est d'ailleurs une constante dans la relation entre les deux pays : "Malgré les divergences, les couples franco-allemands se sont toujours retrouvés pendant les crises", qui furent nombreuses ces seize dernières années, pointe Jacob Ross, expert au DGAP, un think tank allemand. Avec Nicolas Sarkozy, ce fut la crise de l'euro et de la dette, avec François Hollande, ce sera la crise migratoire et les attentats jihadistes.
En 2012, Merkel soutient Sarkozy à sa réélection. Autant dire que la relation avec François Hollande peinera, dans un premier temps, à prospérer. Pis encore, le socialiste entend réviser le Pacte budgétaire européen. En désaccord, entre autres, sur la crise migratoire, Paris et Berlin feront front commun face à Vladimir Poutine lors de l'annexion de la Crimée en 2014.
Un an plus tard, c'est dans la tragédie que se manifeste la solidarité franco-allemande. En janvier 2015, pour les attentats contre Charlie Hebdo, puis après ceux du 13-Novembre, la chancelière sera au côté du président français à Paris. Une image restera : celle du visage d'Angela Merkel posée sur la joue de François Hollande. Un symbole historique aussi fort que les mains unies d'Helmut Kohl et François Mitterrand à Verdun, en 1984.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte