Corée du sud : un membre du groupe BTS rejoint l'armée et crée l'émoi chez les fans

En Corée du Sud, le service militaire est obligatoire pour tous les hommes valides et il n'est pas possible d'y échapper, même si l'on est une star internationale. Ainsi, Jin, l'un des sept membres du groupe de musique BTS a rejoint, mardi 13 décembre, les rangs de l'armée pour une durée minimale de 18 mois. Dans l'industrie de la K-pop, on parle de la fin d'une ère.

BTS est en effet le premier groupe sud-coréen à avoir dominé les charts américains et britanniques. Le groupe a même été plusieurs fois nommé aux Grammy Awards et fort d'une communauté de fans mondiale, BTS a généré plusieurs milliards de dollars de revenus depuis ses débuts, en 2013. Or l'annonce en octobre du départ sous les drapeaux de Jin avait acté la séparation, du moins temporaire, du septuor.

La star de K-pop "en première ligne" ?

Jin, de son nom complet Kim Seok-jin, a eu 30 ans le 4 décembre et effectuera ses classes pendant cinq semaines avant d'intégrer son unité définitive. Les médias affirment qu'il sera affecté "en première ligne", c'est-à-dire près de la frontière avec la Corée du Nord.

Des centaines de journalistes et de fans de BTS se massaient, mardi 13 décembre, à l'entrée du camp d'entraînement de Yeoncheon, non loin de la frontière, à 40 km au nord de Séoul. Un convoi de véhicules, dont l'un transportait vraisemblablement la star, a franchi le portail du camp, surmonté d'un écriteau le vantant comme "un vivier de soldats de combat de première classe", vingt minutes avant 14 heures (5 heures GMT), l'heure limite d'arrivée imposée aux nouvelles recrues.

Jin intègre l'armée au moment où les relations intercoréennes sont extrêmement tendues, après une série record d'essais d'armements de Pyongyang.

La "BTS ARMY" sous le choc

Le label de BTS, Big Hit Music, avait demandé aux fans de Jin de ne pas se rendre à la cérémonie d'incorporation du chanteur, qui est réservée aux familles. Mais les adorateurs du boys band, surnommés la "BTS ARMY", sont sous le choc depuis la révélation, en juin, de la rupture du groupe. D'autant qu'il ne pourra se reformer que vers 2025, une fois que tous ses membres auront servi dans l'armée. 

Car si BTS avait déjà bénéficié d'une révision de la loi de conscription qui repoussait l'âge limite d'enrôlement de 28 à 30 ans pour certains artistes, et si des exemptions de service militaire sont accordées à quelques athlètes d'élite, comme les médaillés olympiques, ou à des musiciens classiques, cela n'est pas valable pour les pop stars. Les six autres membres de BTS devront donc, eux aussi, y passer. 

"Nous avons des sentiments mitigés aujourd'hui parce que d'un côté, c'est normal qu'il soit incorporé, parce que c'est une obligation de toute façon pour tout Coréen", déclarait Véronique, une fan de 32 ans originaire d'Indonésie. "Mais d'un autre côté, nous ne pourrons pas le voir pendant au moins 18 mois... Je suis heureuse, mais aussi triste et fière, quelque chose comme ça."

Des doutes sur l'avenir du boys band

Jin, membre le plus âgé du groupe, a fêté ses 30 ans le 4 décembre. La séparation du boys band avait donc été pensée en fonction de cette obligation, selon des spécialistes. Mais le doute plane quant à l'avenir du fleuron de la K-pop : malgré son incroyable popularité, survivra-t-il à ce hiatus ?

"Pour l'industrie de la K-pop, la retraite de BTS va être un gros problème", explique à l'AFP le professeur de communication à l'université Kyung Hee, Lee Taek-gwang. "Pendant leur absence, ils pourraient perdre l'intérêt du public et la baisse de leur popularité nuira à leurs affaires. Ce ne sera pas facile pour le boys band de se réunir après leur enrôlement", a-t-il ajouté.

Mais BTS fera exception, estiment des experts comme Lee Ji-young, spécialiste de BTS et professeure à l'Université des études étrangères de Hankuk. Le septuor "a obtenu un tout autre niveau de popularité, d'influence et de crédibilité" et "ne sera pas oublié", prédit-elle.

En plus de neuf ans, beaucoup considèrent que BTS a fait davantage que n'importe quel diplomate ou célébrité pour le rayonnement culturel mondial de la Corée du Sud. Le groupe a représenté son pays aux Nations unies et rencontré Joe Biden à la Maison Blanche. Il est aussi l'ambassadeur officiel de la candidature de Busan pour l'organisation de l'Exposition universelle 2030.

Un "marqueur d'égalitarisme"

Pas suffisant toutefois pour échapper au service militaire. Une proposition de loi pour en exempter BTS avait bien été rédigée, mais elle n'a jamais franchi les portes du Parlement. "En Corée du Sud, le service militaire est un marqueur d'égalitarisme", explique Lee Taek-gwang.

La possible affectation de Jin près de la frontière avec la Corée du Nord revêt, elle aussi, une dimension symbolique, selon la maîtresse de conférences en médias et musique à l'université Macquarie, Sarah Keith. "Cela montre le rôle de la culture, et de l'opinion publique, dans le façonnement des relations internationales. Ce rôle à la frontière est-il un rôle de combat, ou de relations publiques et médiatiques ?" 

Lundi 12 décembre, Jin a posté une photo de lui dévoilant sa nouvelle coupe de cheveux militaire sur le réseau social sud-coréen WeVerse, avec en légende : "C'est plus mignon que je ne l'imaginais !"

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