L'inquiétude grandit autour de Peng Shuai. La championne de tennis chinoise a accusé début novembre un ancien haut dirigeant du pays de l'avoir contrainte à un rapport sexuel. Depuis, l'ancienne N.1 mondiale en double, âgée de 35 ans, n'a donné aucune nouvelle, ni fait d'apparition publique.
Et ce mercredi 17 novembre, un courriel lui étant attribué a jeté un peu plus le trouble quant à son sort. "Les informations, notamment concernant l'accusation d'agression sexuelle, sont fausses", affirmerait la joueuse dans ce message. "Je ne suis ni disparue ni en danger. J'étais juste au repos chez moi, tout va bien. Merci encore d'avoir pris de mes nouvelles".
Sauf que les propos (tenus en anglais) dans ce message à l'origine suspecte vont à l'encontre des déclarations de Peng Shua, accusant un ancien vice-Premier ministre d'agression sexuelle. Des révélations fracassantes qui sont les premières visant de hauts responsables du Parti communiste chinois depuis le début du mouvement mondial contre les violences faites aux femmes, #MeToo. Une affaire potentiellement explosive pour Pékin.
Le 2 novembre 2021, Peng Shuai accuse sur le réseau social Weibo (l'équivalent chinois de Twitter) un ancien vice-Premier ministre, Zhang Gaoli, de lui avoir imposé un rapport sexuel trois ans plus tôt. La scène se serait passée dans sa chambre après une partie de tennis, sept ans après avoir déjà couché avec lui. "J'avais très peur. Cet après-midi-là, j'ai d'abord refusé. Je n'arrêtais pas de pleurer", écrit-elle. "En proie à la peur et au trouble (...) j'ai cédé et nous avons eu un rapport sexuel".
Elle ajoute que l'épouse du dirigeant était au courant et "montait la garde à l'extérieur". Peng Shuai précise qu'elle est ensuite devenue la maîtresse de l'ex-dirigeant, jusqu'à une dispute la semaine précédente. La sportive ajoute n'avoir aucune preuve à apporter à l'appui de ses dires. "Tu as toujours eu peur que je cache un magnétophone", écrit-elle en s'adressant à Zhang Gaoli. "Tu démentiras certainement ou bien tu iras jusqu'à m'attaquer".
Rien n'atteste que ce message a vraiment été écrit par Peng Shuai. Il a en tout cas été censuré une vingtaine de minutes après avoir été diffusé, le temps toutefois pour des milliers de Chinois d'en prendre connaissance et d'en faire circuler des captures d'écran, promptement censurées à leur tour.
L'accusation portée par Peng Shuai a cependant été publiée sur Twitter (interdit en Chine) ce qui lui a permis de connaître un écho mondial. À travers le hashtag #WhereIsPengShuai, les plus grands joueurs de tennis ont exprimé leur inquiétude à son sujet. L'ancienne N.1 mondiale Naomi Osaka s'est ainsi dite "choquée par la situation". "Honnêtement, c'est choquant qu'elle ait disparu", a également déclaré Novak Djokovic.
Selon la base de données biographiques China Vitae, Zhang Gaoli, âgé de 75 ans, était depuis 2012 et jusqu'au début de 2018, membre permanent du bureau politique du Parti communiste chinois. Il était à ce titre l'un des sept hommes les plus puissants de Chine.
Zhang Gaoli est par ailleurs considéré comme proche du Premier ministre Li Keqiang.
En tant que lieutenant principal, cet économiste, qui adhère au parti depuis 1973, était notamment en charge du développement économique dans le pays. Il a ainsi présidé le comité de pilotage supervisant la mise en service du barrage des Trois Gorges, le plus grand du monde. Un ouvrage controversé pour son impact environnemental.
Plus généralement, la Chine a connu depuis 2018 une version très aseptisée du mouvement MeToo, avec des accusations de harcèlement sexuel visant des vedettes de la chanson ou du petit écran, mais jamais jusqu'ici de responsable politique.
La mystérieuse "absence" de Peng Shuai en rappelle d'autres en Chine. Début septembre, Vicki Zhao (aussi connue sous le nom de Zhao Wei) l'une des plus grandes actrices chinoises, femme d'affaires avertie qui a acheté plusieurs vignobles en France, avait déjà disparu publiquement, avant de réapparaître vingt jours plus tard sur le réseau social Weibo. Le quotidien singapourien The Strait Times rappelle que le 26 août, la comédienne de 45 ans avait tout simplement été "supprimée" de l'Internet chinois. Un forum qui lui était dédié avait été sur fermé sur Weibo et les références à la comédienne avaient alors été retirées des principaux sites de vidéos. Aucune raison officielle n'avait été donnée.
Même chose pour Jack Ma, le tumultueux patron d'Alibaba. Le milliardaire était dans le viseur de Pékin depuis des critiques publiques prononcées en octobre 2020 à l'encontre du régulateur chinois. Depuis, Jack Ma n'avait pratiquement plus été vu en public. Selon le quotidien hongkongais South China Morning Post, propriété d'Alibaba, Jack Ma s'est rendu mi-octobre, pour la première fois en un an, en Europe pour une série de réunions d'affaires.
Avant de s'envoler pour l'Espagne, Ma se serait trouvé à Hong Kong pour passer du "temps privé" avec sa famille, dans la plus grande discrétion.
Plus ancien encore, à l'automne 2019, Fan Bingbing, la comédienne alors la mieux payée de Chine, n'avait plus donné de nouvelles pendant plus de trois mois, avant d'être retrouvée dans "une station balnéaire" près de Pékin. L'actrice de 39 ans, accusée de fraude fiscale, avait faire part de tous ses regrets et de présenter ses excuses. "J’ai trahi mon pays, les attentes de la société et l’amour de mes fans. Veuillez accepter mes excuses. Je vous demande pardon", avait-elle alors posté sur la plateforme Weibo.
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