Les négociations sur le Brexit qui ont repris cette semaine à Londres, sont dans leur dernière ligne droite. Le scénario le plus redouté, serait une sortie du Royaume-Uni sans accord le 31 décembre prochain, le fameux "No Deal". Parmi les perdants, il y aurait les pêcheurs britanniques ou français.
À Boulogne-sur-Mer, premier port de pêche français, le "Laurent Geoffrey" navigue dans le Détroit de la Manche, en direction de l'Angleterre. L'obscurité est totale, la houle est forte, la mer agitée. À la barre, Laurent le capitaine, franchit l'une des routes maritimes les plus fréquentées au monde, entre les paquebots et les porte-conteneurs. Sa radio est en liaison constante avec le centre opérationnel de surveillance.
Un crucifix et une photo de son fils sont accrochés sur le tableau de bord. Sur l’écran du GPS, le bateau poursuit sa route près d'une heure et demi, à pleine vitesse. "On vient juste de rentrer dans les eaux anglaises", nous dit-il. L’embarcation ralentit, de gros projecteurs s'allument sur le toit et balaient la surface de l’eau. "Je vais essayer de poser quelques filets", poursuit Laurent.
Sur le pont, un moteur remonte des kilomètres de filets et au bout, les trois matelots récupèrent le poisson. Le travail est périlleux, éreintant, il faut s'accrocher pour ne pas tomber, l'odeur du gasoil est omniprésente.
Bientôt avec le Brexit, si le Royaume-Uni et l'Union Européenne ne trouvent pas d'accord sur le partage des eaux territoriales, cela serait une catastrophe pour Laurent, le patron. "80% de mon année est dans les eaux anglaises. Je ne sais rien faire d'autre que d'aller à la mer", explique-t-il.
À Boulogne-sur-Mer, la filière de la pêche représente près de 5.000 emplois. Alors forcément, la perspective d'un Brexit sans accord inquiète. Sur le pont des chalutiers et des fileyeurs, on est marin-pêcheur de générations en générations et les matelots n’ont pas forcément d’autres formations. "Mon père était marin-pêcheur, moi je suis matelot et c'est tout", explique Cyril. À 36 ans, il a déjà passé plus de la moitié de sa vie en mer, 50 heures par semaine.
Le salaire ne dépasse pas 2.000 euros bruts par mois, parfois variable, il peut dépendre du produit de la vente de la pêche. À 58 ans, Jean-Louis, pourrait déjà être à la retraite. Il ne décolère pas contre les dirigeants de l’Union Européenne : "Ils font des lois mais ils ne connaissent pas le métier". Au petit matin, la mer se calme enfin. Pour rester frais, les poissons sont vidés sur place, avant d'être stockés. Le bateau revient enfin au port de Boulogne-sur-Mer.
Les caisses sont déchargées une à une sur le quai. Il y a encore quelques années, Laurent s’imaginait remettre son bateau à son fils, comme son père l'a fait avec lui. Fatigué par le métier, il n'en est plus certain aujourd'hui. Suspendus aux négociations sur le Brexit, les pêcheurs de Boulogne-sur-Mer retourneront au large en espérant pouvoir continuer leur activité l’année prochaine.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte