"Dans le monde actuel, il n’y a pas souvent des bonnes nouvelles. Et bien António Guterres, ça c’est une vraie bonne nouvelle !". C’est un cadre très haut placé aux Nations Unies - et très enthousiaste - qui nous disait cela. Nous avons appelé à New York, à Genève et à Paris pour essayer de vous dresser le portrait de l'ancien premier ministre du Portugal. C'est assez rare : ceux qui l’ont côtoyé, dans le monde humanitaire, diplomatique ou politique, sont unanimes. On nous a dit de lui qu'il était "d'une remarquable intelligence", "indépendant", "courageux", doté d'une "détermination et une énergie redoutable", "très gros bosseur" ou encore "très astucieux".
Il faut peut-être le béatifier, non ? En plus, António Guterres y serait sensible. C’est un fervent catholique, de gauche. Il a dirigé le parti socialiste, avant de devenir en 1995 premier ministre du Portugal où on l’appelait le "marteau-piqueur parlant" pour ses talents d’orateurs dans toutes les langues.
Le prochain patron de l’ONU, qui prête serment ce lundi 12 décembre, est un parfait francophone. C'est sans comparaison possible avec Ban Ki Moon, qui avait pris des cours à son arrivée à l’ONU pour apprendre le français, l’une des langues officielles de l’ONU. Mais sans résultats audibles, dirons-nous. Guterres, c’est l’anti-Ban Ki Moon. Le Sud-Coréen "n'a pas brillé", disent, là aussi unanimes, ceux qui l’on vu à l’œuvre. Ban Ki Moon était falot et effacé. Guterres au verbe clair, lui, s’est imposé à l’oral pour décrocher son poste.
On avait dit que le futur secrétaire général devait être une femme, des pays de l’Est. Mais cette année, l’ONU a innové en faisant passer des oraux aux candidats. "La différence entre Guterres et les candidates était abyssale", dit l’une de celles qui a suivi le processus. Même la Russie a renoncé à s’opposer à Guterres qui pourrait, pourtant, donner du fil à retordre à Moscou.
La machine de l’ONU - où ce sont les États qui décident, et pas le secrétaire général - ne va-t-elle pas écraser le nouveau patron, aussi astucieux qu’il puisse être ? Cela ne va pas être simple pour lui. En même temps, vue la paralysie de l’ONU, même des mini-avancées seront les bienvenues. António Guterres a prouvé qu’il savait faire bouger les choses. Il a bousculé le Haut Comité au Réfugiés (HCR), qu’il a dirigé pendant dix ans.
Sa première priorité à l’ONU, c’est évidement la Syrie. Le Portugais connait le dossier pour l’avoir géré les réfugiés syriens au HCR. "Il a la capacité de s’imposer par l’intelligence de ses solutions très constructives, par sa créativité", nous disait une source au siège de New York. "António Guterres sera sans doute le secrétaire général qui aura à faciliter le départ de Bachar", pronostique un diplomate occidental.
Sa deuxième grande priorité, c’est de sauver l’accord de la COP21 mis en danger par l’élection de Donald Trump. Car - et c’est l’essentiel -, Antonio Guterres sera le secrétaire général de l’ONU de l’ère Trump. Le patron de l’ONU est élu pour cinq ans. Il ne sera pas reconduit s’il ne parvient à gérer les années Donald Trump.
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