Des grèves tournantes de 24 heures dans près de 300 usines entre mercredi 31 janvier et vendredi 2 février : c'est une page nouvelle des mouvements sociaux allemands. Nos voisins ne sont pas immunisés (loin s'en faut) contre les grèves.
Mais là, entre la rigueur dans l'exécution et l'étalement dans le temps, les 3,2 millions syndiqués d'IG Metall pourraient paralyser l'ensemble des géants industriels du pays. Directement ou par le biais d'arrêts de travail chez leurs fournisseurs stratégiques.
Ce type d'action, entre le débrayage symbolique et la grève, dure va faire mal aux entreprises et démontrer la puissance toujours réelle du syndicat de la métallurgie, le secteur emblématique et la poule aux œufs d'or du "made in Germany".
Les enjeux du conflit sont d'abord salariaux. Les syndicats veulent que l'exceptionnelle bonne santé de l'économie allemande ruisselle jusqu'à leur portefeuille. Ils demandent 6% d'augmentation. La barre est haute, mais le patronat - qui fait face à une pénurie de compétences sur un marché du travail en tension - est prêt à lâcher du lest. On parle de 4%.
Le véritable blocage est ailleurs : dans le volet social. Les métallurgistes veulent pouvoir durant deux ans travailler 28 heures, avec un complément de salaire de 200 euros. Irrecevable pour les patrons. Sauf s'ils obtiennent en échange de briser la barrière qui limite le nombre de salariés autorisés à travailler plus de 35 heures par semaine.
"Jamais", réplique IG Metall. Pas question de fragiliser le rempart symbolique des 35 heures. Après quatre réunions infructueuses, le conflit s'annonce rugueux.
Ce conflit peut-il faire tache d'huile en France ? La compétitivité du "Deutsche Qualität" peut encaisser des charges financières et des bouleversements dans l'organisation du travail qui sont hors reportée des entreprises françaises, qui doivent d'abord reconquérir une réputation prix-qualité sérieusement écornée. Les chiffres sont éloquents : l'industrie allemande dégage 250 milliards d’excédent ; la nôtre participe à nos 65 milliards de déficit commercial.
Pour une PME de 60 salariés, le total des prélèvements obligatoires sur les entreprises françaises est de 62%, selon la Banque mondiale. Il est, pour la moyenne européenne, de 39% seulement.
03/20 à Volkswagen, BMW et Daimler. Les trois constructeurs sont accusés d'avoir fait tester des gaz d'échappements sur des cobayes humains. Après le "dieselgate", l'automobile allemande s'enfonce de scandales en scandales.
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