C'est la Schuldenuhr, le compteur de la dette publique allemande avec ses diodes luminescentes, installée à Berlin, sur la façade des locaux de la Fédération des contribuables, qui, pour la première fois depuis plus de vingt ans, affiche un chiffre qui diminue. La dette publique allemande baisse désormais au rythme de 78 euros par seconde. Il n'y a pas si longtemps (c'était au cœur de la crise économique de 2009), elle augmentait au contraire de 4.400 euros par seconde.
Ils ont réussi cela tout simplement en ayant des budgets à l'équilibre, ou même en excédent depuis 2014. Selon les projections, il y aura, sur les quatre prochaines années, plusieurs dizaines de milliards d'euros d'excédent, qui suscitent du reste un débat dans le pays : que va-t-on faire de cet magot ?
Certains voudraient l'investir dans les infrastructures vieillissantes. À la Fédération des contribuables, on préférerait rembourser davantage la dette, bien sûr. C'est le débat sur la "cagnotte", comme chez nous. Mais contrairement à ce qui se profile chez nous, c'est du vrai excédent, et pas du moindre déficit.
La dette allemande est inférieure à la nôtre. En valeur absolue, et encore davantage lorsqu'on la ramène au nombre de citoyens. L'Allemagne a une dette de 23.800 euros par tête, alors que c'est 32.000 euros chez nous. Mais, il faut quand même le souligner, lors du troisième trimestre 2017, la dette française a très légèrement diminué aussi : elle est passée de 2.170 milliards d'euros à 2.160 milliards, selon l'Insee, soit une petite baisse de dix milliards.
Reste que la dette allemande par tête est inférieure à la nôtre de 25%. Cette divergence financière, qui est d'ailleurs la résultante d'une divergence économique, va compliquer la relation franco-allemande. Elle va compliquer aussi l'avenir du plan Macron pour l'Europe.
Quand un Allemand entend "mutualiser", il comprend qu'on va lui demander son chéquier
François Lenglet
Vous vous souvenez qu'Emmanuel Macron veut poursuivre la construction de la zone euro, en particulier avec un ministre des Finances commun, et surtout un budget commun aux pays de l'euro. C'est ce qu'il avait annoncé dans son discours de la Sorbonne. Cette idée hérisse le poil en Allemagne, parce l'on redoute là-bas que ce ne soit un moyen détourné pour faire payer les Allemands pour les dépenses des autres.
Quand un Allemand entend "mutualiser", il comprend qu'on va lui demander son chéquier. Il n'a pas tout à fait tort, d'ailleurs. Et plus la situation financière de son propre pays est bonne, moins il va être enclin à s'associer avec des partenaires moins rigoureux sur ce chapitre.
Angela Merkel semble favorable aux propositions Macron. Mais la chancelière ne fera pas ce qu'elle veut. Elle est engagée en ce moment dans des négociations interminables pour constituer un gouvernement, après sa très courte victoire de l'automne. Elle doit tenir compte de sa propre opposition interne, dans son parti, qui ne veut pas de compromis sur l'Europe.
Elle doit tenir compte aussi de la montée du parti d'extrême-droite nationaliste. L'AfD, lui aussi anti-européen, a connu une très forte progression lors des dernières élections. Il y a donc fort à craindre que le projet Macron ne prenne l'eau. Il y a peut-être une erreur de calcul du Président français : l'économie et le budget ne sont pas, en ce moment, les meilleurs vecteurs pour relancer l'Europe.
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