Volkswagen : l'affaire résumée en 6 étapes
ÉCLAIRAGE - Le géant allemand de l'automobile a installé un logiciel afin de contourner les tests antipollution sur ses véhicules diesel.

Le scandale Volkswagen continue de faire des remous. La justice allemande a annoncé, ce lundi 28 septembre, l'ouverture d'une information judiciaire contre l'ancien patron du géant de l'automobile Martin Winterkorn, soupçonné de "fraude". L'envergure de cette affaire est mondiale. Des enquêtes ont été ouvertes dans plusieurs pays, comme aux États-Unis.
1. Des révélations qui provoquent un "lundi noir" en Bourse
L'affaire a éclaté le 20 septembre dernier, grâce à des révélations faites par des étudiants américains. Dans le nord de la Virginie, aux États- Unis, à Morgan Town, une ONG spécialisée dans le transport écologique cherche à étudier l'impact de la pollution émanant des véhicules diesel. Afin d'y parvenir, trois véhicules vont être étudiés : une Jetta, une Passat et une BMW. "Ils envoient les résultats à l'ONG un an plus tard, sans savoir qu'ils vont déclencher un scandale, puisqu'ils ont simplement mesuré et n'avaient pas connaissance des valeurs normales", raconte Adeline François dans sa revue de presse.
La différence entre les données publiée par Volkswagen et les mesures des étudiants est impressionnante. La pollution est 35 fois supérieure pour la Jetta et vingt fois pour la Passat. L'ONG va ensuite transmettre ces données aux autorités américaines et c'est en mai 2014 qu'une enquête va être ouverte par l'agence fédérale protection de l'environnement.
2. 11 millions de véhicules concernés dans le monde
Face à ses accusations, le constructeur allemand va prendre les devants et donner plus de détails sur l'ampleur de la supercherie. Onze millions de véhicules dans le monde étaient équipés d'un logiciel permettant de fausser les résultats des tests antipollution. Plusieurs marques du groupe se retrouvent ainsi concernées. En France, l'affaire fait réagir la classe politique. Ségolène Royal décide de lancer une "enquête approfondie".
L'objectif affiché par la ministre de l'Écologie est de
s'assurer que les marques françaises ne sont pas coupables de tels agissements. "J'ai saisi l'Agence fédérale américaine de protection de
l'environnement pour obtenir tous les éléments d'information pertinents,
permettant d'apprécier la nature de la fraude et les moyens mis en oeuvre pour la
détecter", explique le ministère dans un communiqué.
3. Le PDG du constructeur allemand poussé vers la sortie
Tous les yeux se
tournent alors vers le patron à la tête de la fraude, Martin Winterkorn. Journaliste au service économie de RTL, Bénédicte Tassart le qualifie de "grand ponte du secteur automobile". Selon elle, "Carlos Ghosn chez Renault- Nissan est un financier, mais le
patron de Volkswagen, lui c'est un technicien. Il inspecte de fond en comble
tous les petits détails des voitures des 12 marques du groupe".
Rapidement, la crédibilité du constructeur qui vantait sa
qualité est remise en cause. "Le principal problème est commercial. Il
touche à la réputation de "VW", qui est compromise", explique François Lenglet, éditorialiste de RTL. Si ce scandale provoque un tel choc outre-Rhin, "c'est
parce que Volkswagen est le
symbole de la transformation de l'Allemagne nazie en une machine à exporter
mondialisée de l'après-guerre. C'est l'incarnation de ce que l'Allemagne a fait
de bien".
Le 23 septembre, le patron du géant allemand démissionne : "En tant que PDG, je prends la responsabilité des irrégularités qui ont
été trouvées dans les moteurs diesel et j'ai donc demandé au conseil de
surveillance de mettre fin à ma fonction de PDG du groupe Volkswagen". Cette
annonce marque un tournant pour les investisseurs et les marchés financiers où
l'action du groupe augmente de 8%. Une dernière polémique va atteindre le
patron. Ce dernier pourrait toucher 60 millions d'euros pour son départ. Volkswagen
prévoit 28,5 millions d'euros pour la retraite de Martin Winterkorn. À cela s'ajoute une possible "indemnité de départ" pour fin prématurée de
son contrat. Le plafond est fixé à "deux ans de rémunération
maximum". Son salaire représentait 16,6 millions d'euros en 2014 et 15
millions d'euros en 2015. Au total, l'ancien dirigeant pourrait repartir avec
60 millions d'euros.
4. Des tests aléatoires en France
Au sein de l'Hexagone, Ségolène Royal annonce de nouvelles mesures avec la mise en place d'une commission indépendante. Elle sera chargée de mener des tests aléatoires sur une centaine de voitures tirées au sort. "Concernant toutes les questions que se posent les propriétaires de véhicules aujourd'hui, ce que les constructeurs ici présents m'ont assuré, c'est qu'aucun dispositif de fraude n'équipe les constructeurs français", a-t-elle expliqué lors d'une conférence de presse, avant d'ajouter que pour résister à cette crise, il faut apporter des preuves aux consommateurs : "Des constructeurs m'ont proposé un test aléatoire sur des véhicules tirés au sort, dans une première étape sur une centaine de véhicules".
5. L'après Martin Winterkorn
Un nouveau PDG est nommé chez Volkswagen. Il s'agit de Matthias Müller, qui était à la tête de Porsche depuis 2010. À 62 ans, il est un passionné de sports automobiles et de voitures. Il démarre en tant qu'apprenti outilleur chez Audi chez qui il finit directeur de production. L'enjeu est de taille pour le nouveau patron du groupe automobile allemand.
"Je ferait tout pour retrouver la confiance de nos clients, de nos salariés, de nos partenaires, de nos investisseurs. Nous pouvons et allons surmonter cette crise. Ensemble, nous ferons de Volkswagen une entreprise encore plus forte", a-t-il déclaré lors de sa première prise de parole.
6. Les révélations continuent
Selon le journal allemand Bild, la firme allemande d'équipement Bosch aurait fourni en 2007 à Volkswagen le logiciel de trucage, pour des tests en laboratoire. Ces derniers révélations montrent que le géant allemand aurait précisé explicitement au groupe automobile que son installation sur les véhicules était "illégale". L'entreprise Gerlingen aurait ainsi livré à Volkswagen ce logiciel "prévu uniquement pour des tests (internes) et non pour la conduite normale", écrit dans son édition dominicale Bild, qui cite un "document explosif" datant de 2007 et émanant de Bosch.
Selon un document que s'est procuré le journal allemand, Bosch aurait mis en garde Volkswagen sur l'illégalité de la manœuvre. L'entreprise avait indiqué mardi avoir fourni à Volkswagen des systèmes d'injection à rampe commune destinés à équiper les moteurs diesel des véhicules au centre du scandale des moteurs truqués.
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