Des verrous qui sautent, des millions de passagers potentiels : il n’en faut pas plus pour aiguiser les appétits. Nos bus longues distances ont été étouffés, corsetés durant quarante ans par de très puissants lobbies. Ils vont regagner leur permis de circuler. Ce n’est pas une image : en France, leur part de marché dans le transport des voyageurs est de 0,05%. A peine 100.000 passagers par an, contre 30 millions en Grande-Bretagne, 32 millions en Espagne, et déjà 8 millions en Allemagne où une libéralisation "type loi Macron" fête son premier anniversaire.
Du coup, vous comprenez que l'on fasse partout chauffer les moteurs. Chez les Français avec IDBus, la filiale de la SNCF ou sous la bannière de Starshipper (un syndicat de PME indépendantes), mais aussi chez les étrangers, avec le géant britannique Stagecoach et l’ambitieux Allemand Flixbus.
Surtout que depuis le 4 juin, on est vraiment monté dans les tours. Eurolines, l'opérateur français dominant, a réellement ouvert les hostilités en annonçant l'ouverture de 17 lignes dès juillet, avant même la promulgation de la loi.
Il y a un vrai marché pour le bus longues distances. Les autocaristes y croient dur comme fer. Tout simplement parce qu’ils promettent que le grand bénéficiaires de cette petite révolution sera le consommateur. En plus des offres traditionnelles, comme les Paris-Toulouse à 1 euro, il y a aujourd'hui chez Eurolines, IDBus et les autres, des billets disponibles pour plus de 100 destinations à des tarifs hyper attractifs.
Vous faites Paris-Lyon entre 20 et 25 euros ; Nantes-Brest, de 10 à 20 euros. Sans compter des ristournes de 10% pour les jeunes et les retraités qui sont les cible privilégiés de ces transporteurs. Tout cela dans des bus très confortables, disposant de sanitaires, dotés du wifi.
Cette croissance va-t-elle se faire au dépend de la SNCF ? C’est plutôt BlaBlaCar qui doit s’interroger. Car les modèles étrangers montrent que la coexistence avec les bus est positive pour le rail. Le train conserve de beaux atouts (implantation des gares au cœur des villes, absence de péage). Ce n'est pas le cas des gares routières françaises, souvent moyenâgeuses et isolées en périphérie.
En revanche, la poussée du car va se traduire en emplois. De 10 à 15.000 créations nettes, selon les experts. Il faudra des chauffeurs professionnels mais aussi des spécialistes de la réservation, de l’informatique, de l’accueil, de l’entretien automobile de la sécurité. Si la rationalité l’emporte, on peut assister à l’émergence d’un véritable écosystème.
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