Sanofi : qui sont ces fonds d’investissements qui rachètent des entreprises ?

L'affaire Doliprane tourne à la série à rebondissements. On savait que Sanofi voulait céder 50% de sa participation à un fonds américain. Voilà qu'un autre fonds qui plus est Français, PAI, a décidé de surenchérir. Mais qui sont donc ces fonds qui se disputent des morceaux de notre industrie ? 

Ce sont des sociétés financières qui achètent des entreprises. Elles les développent, elles les restructurent et généralement elles les revendent quelques années plus tard, entre 3 et 10 ans après l'acquisition. Parfois d'ailleurs, elles rachètent plusieurs entreprises dans le même domaine puis elles les fusionnent pour en faire un géant. 

Elles se rémunèrent de deux façons. D'abord avec les plus-values quand elles revendent, un peu comme un appartement, et puis ensuite avec les frais qu'elles facturent à l'entreprise qu'elles ont rachetée pour leurs conseils de gestion. Dans cette affaire, il y a donc deux sociétés financières qui se disputent nos bonnes vieilles pilules. Il y a l'américaine et puis cette française qui est associée quand même à Abou Dabi, à des Canadiens et aussi à des Singapouriens.

D'où leur vient tout cet argent investi ?

Ce sont la plupart du temps des personnes privées qui leur confient une partie de leur capital, de leur épargne. Le ticket est assez cher. Il faut quand même 500.000 euros, 1 million d'euros, 10 millions d'euros. L'argent est confié avec, à charge pour la société d'investissement, de le faire fructifier justement avec ses opérations de rachat et de revente. On appelle ça aussi le "private equity". Ça s'est beaucoup développé dans les années récentes.

Cela reste différent du fonds de pension qui est comme une caisse de retraite qui gère l'épargne de ses adhérents. Ça place à très très long terme et ça n'intervient pas au jour le jour dans la gestion de l'entreprise. En fait, un fonds, il se comporte comme un simple actionnaire et non pas comme un patron. Alors que le fonds d'investissement, lui, il achète pour gérer.

Quel bilan pour les entreprises rachetées ?

C'est difficile de faire une généralité, mais il y a quand même des cas où ça a sauvé l'entreprise. Legrand par exemple, une entreprise leader mondiale de l'appareillage électrique, ont été rachetés en 2003 par un fonds américain puis un fonds français. L'entreprise s'est très bien développée. Souvent, ce sont des affaires de famille qui ont besoin d'argent pour se développer. Elles font donc appel à un fonds d'investissement. 

Mais il y a aussi des catastrophes, des fonds qui sucent la moelle des entreprises, qui les chargent de dettes et qui le revendent après avoir coupé les coûts sans ménagement. Celles-là sont un peu des vautours. En fait, ce n'est pas le diable. Tout dépend des équipes et de leur horizon de temps, évidemment. Les deux fonds qui se battent pour racheter Doliprane ont l'espoir de gagner de l'argent. Ça veut dire qu'ils considèrent que c'est rentable et qu'il y a des perspectives de développement. C'est plutôt rassurant sur l'avenir de cette entreprise. 

Théoriquement un fonds français n'est pas plus rassurant pour Doliprane, parce qu'il y a les mêmes critères de rentabilité, ils sont astreints aux mêmes objectifs. Mais, la connaissance de l'environnement français est un atout, et puis malgré tout, une société française dirigée par des Français, sera plus sensible aux critères de localisation de l'activité. 

Ce n'est pas très rationnel, mais c'est quand même souvent constaté. C'est désormais Sanofi, le propriétaire de Doliprane, qui va décider. L'offre de PAI est valable jusqu'à dimanche soir, 18h, suite du feuilleton lundi matin.

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