Le rétrofit, c'est l’art de changer une voiture thermique en électrique. Déjà populaire aux États-Unis, cette tendance commence tout juste à s’implanter en France. Mais quels sont les avantages et inconvénients de cette formule qui pourrait intéresser de nombreux automobilistes inquiets par la mise en place des zones à faibles émissions (ZFE) ? RTL fait le point.
Concrètement, le rétrofit consiste à enlever le moteur
(essence ou diesel) ainsi que le réservoir de votre voiture, pour les remplacer
par un moteur électrique et une batterie. Cela permet de prolonger la durée de
vie de votre véhicule.
Votre voiture doit avoir au minimum 5 ans. Imaginez votre vieille Peugeot 504, ou votre ancienne 2CV qui dormait au fond d'une grange soudain reprendre vie, se réveiller comme la Belle au bois dormant, comme si on lui changeait son cœur puisqu'on enlève son bon vieux moteur pour lui en greffer un tout électrique. On y ajoute des batteries que l'on place dans le coffre par exemple. S’ajoutent aussi quelques modifications du tableau de bord aux suspensions, en passant par la trappe à carburant que l’on convertit en prise électrique. Et voilà votre Belle au bois dormant prête à s’éveiller, et à de nouveau prendre la route.
Non. Pas la peine d'essayer de bricoler dans votre garage. C'est interdit. D'ailleurs c'est très encadré. Pour le moment à peine une dizaine d'entreprises sont habilitées à effectuer cette transformation. De plus, obtenir une homologation pour un modèle c'est long et encore peu répandu. En effet, il faut savoir que le rétrofit est autorisé seulement depuis à peine 3 ans en France. Globalement, il faut compter une à deux journées pour métamorphoser votre voiture. À noter que cela concerne aussi toutes sortes de véhicules : camions, scooters, mobylettes. On peut imaginer un vieux Solex, ou la Peugeot 103 de votre jeunesse version électrique.
Oui, Renault se lance dans le rétrofit. Avec des modèles iconiques : 4L, Renault 5, et Twingo, en s’associant avec un spécialiste tricolore R-fit. Un kit de conversion est déjà proposé pour la 4L. Puis ce sera au tour de la R5, en septembre. Enfin, le kit sera disponible avec la première génération de la Twingo.
Pas donné pour l’instant : le prix moyen est entre 15 et
20.000 euros. Prenons la 4L : ça grimpe à 17.900 euros. Mais vous avez droit à des aides qui font descendre le tarif à 11.900 euros.
Pour une 2 CV comptez 9.000 euros, là encore une fois les aides déduites. Attention,
une fois l’opération réalisée, il est interdit de revendre le véhicule dans les
six mois qui suivent la transformation et il est obligatoire de parcourir plus
de 6.000 km avant de le revendre. Autre
solution pour faire baisser la note : une entreprise normande (Lormauto)
se lance dans le rétrofit en location. Cette entreprise devrait bientôt
proposer une Twingo, première génération à... 100 euros par mois.
Le rétrofit permet de redonner une seconde vie à son ancien véhicule thermique. Il y a un côté sentimental. Même si les puristes crient au scandale, on garde tout de même l'ADN (on continue par exemple à passer les vitesses). Après, ile ne faut pas s'emballer, le rétrofit est destiné à des petites distances car vous avez de faibles autonomies : 80/100 kilomètres avec une vitesse maxi, pour une citadine, de 110 km/h.
Avec cette voiture, vous avez droit à la vignette Crit'air 0, la pastille verte qui vous permet de circuler dans les centres-villes. Et si l’investissement est conséquent, il l’est moins que pour un modèle électrique neuf (entre 30.000 et 40.000 euros). Et puis au-delà des voitures particulières, cela concerne des milliers d’artisans, de PME qui possèdent des flottes d’utilitaires et qui bientôt ne pourront plus circuler dans les centres-villes. Le rétrofit permet de le faire en recyclant son Renault Master, ou son Citroën Jumpy. Cela revient, grosso modo, deux fois moins cher qu'acheter un utilitaire neuf électrique. Stellantis y croit et vient de signer un partenariat avec une société française, Qinomic, afin de valider un concept de conversion des véhicules utilitaires légers d’ici à 2024.
Le rétrofit pourrait générer en France un chiffre d’affaires de plus d'un milliard d'euros pour 65.000 véhicules rétrofités, et permettre la création de près de 5.000 emplois directs et indirects. Pour sa part, le gouvernement a annoncé en octobre une enveloppe allant jusqu'à 20 millions d'euros pour soutenir les professionnels du secteur.
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