REPORTAGE - Noël 2022 : immersion dans un entrepôt Amazon à son pic d'activité
Depuis fin novembre, l'entrepôt Amazon de Augny (Moselle) est en ébullition. Les 3.350 salariés et des centaines d'intérimaires mettent tout en œuvre pour que les cadeaux soient à l'heure sous le sapin.
Le bâtiment de 182.000 m² sur quatre niveaux, qui a été inauguré fin août 2021, a des allures d'aérogare ultra-moderne : portiques de sécurité, salariés qui portent des chasubles, bruit de fond permanent. Et depuis trois semaines, les 3.350 collaborateurs ainsi qu'un millier d'intérimaires connaissent leur pic d'activité à l'approche de Noël.
"Plusieurs centaines de milliers de colis partent chaque jour en ce moment vers les centres de tri. Le rush d'arrivée des articles s'est produit entre fin octobre et mi-novembre. Au plus fort, nous pouvons stocker 30 millions d'objets sur le site", détaille Pierre-Louis Debroise, directeur des opérations sur le site mosellan d'Amazon, le huitième et dernier en date sorti de terre en France. Si le rez-de-chaussée est destiné à la réception des marchandises et à l'emballage, les trois étages de 45.000 m² chacun sont réservés au stock, ultra-sécurisé et intégralement robotisé.
Comme un terrain de football
Pierre-Louis Debroise, directeur des opérations
Les quais de déchargement, au niveau 0, accueillent donc des dizaines de camions chaque jour. Un tapis roulant pénètre à l'intérieur de chaque poids-lourd pour retirer l'intégralité des cartons qui sont tous ouverts manuellement. "Les cartons arrivent devant moi. Je prends un carton, je le scanne. L'écran me dit combien de produits doit contenir le carton. Là, j'ai bien quatre boîtes de Playmobil. Je les mets dans une caisse. Et ça part au stock, dans les étages", raconte Sébastien qui travaille comme premier maillon de la chaîne. La circulation des marchandises est assurée par un système de convoyeurs dont le tracé fait... 25 kilomètres.
Pas moyen d'accéder physiquement au stock proprement dit si on n'est pas habilité. Seuls quelques salariés ont l'équipement nécessaire pour franchir les grilles. Des capteurs veillent à la moindre tentative d'intrusion. "Globalement, c'est comme un grand terrain de foot, avec des grilles tout autour. Et l'ensemble du stock est réparti sur des étagères jaunes d'à peu près deux mètres. Ces étagères se déplacent seules, grâce à des petits robots. Donc personne aujourd'hui ne fait 15 kilomètres pour aller chercher les commandes des clients", décrit encore Pierre-Louis Debroise.
Des jeux vidéo avec des paires de chaussettes
Des salariés récupèrent donc dans les étages les produits déballés au rez-de-chaussée. Une armoire jaune se présente automatiquement à eux. Libre à chacun ensuite de ranger les produits dans les cases en fonction de leur dimension. Une caméra intelligente reconnaît la case où a été placé l'article qui vient d'être scanné. Des jeux vidéo peuvent ainsi côtoyer des paires de chaussettes. Chaque marchandise est également pesée à son arrivée, ce qui permet aux ordinateurs de relever des incohérences et donc de souligner des erreurs.
La préparation de la commande s'effectue de la même manière : un salarié reçoit sur son écran l'emplacement du produit dans l'étagère qui se présente à lui. Il place ensuite les objets dans une caisse en plastique qui repartent ensuite au rez-de-chaussée, à l'emballage. "S'il y a une erreur, je peux être responsable. Je fais partie des maillons essentiels. Mais je peux me tromper", avoue Patrick qui a néanmoins une photo de l'article qu'il doit choisir. La marge d'erreur est estimée à moins de 1% par la direction.
Quinze emballages différents
Et parmi les derniers lutins qui préparent la commande, Isabelle qui occupe l'un des 200 postes d'emballage. Une quinzaine de cartons devant elle permet de faciliter le transport et d'éviter la casse. "Le produit arrive, je le scanne. L'ordinateur me dit quel emballage choisir. Là, c'est une cafetière. Il me dit E7. Donc, je mets l'article dans le carton, je bourre avec une sorte de papier mâché. Je scotche et ça repart", explique-t-elle.
Un dernier code-barre permet à un ordinateur d'identifier le client, et de coller une étiquette avec l'adresse de livraison. Tous les cartons sont enfin répartis dans des camions par zones géographiques. Les centres de tri et les livreurs sont ensuite chargés d'apporter les paquets au plus vite. Pour ne pas faire de déçus le 24 décembre au soir.
